Une dizaine d’opposants au régime de Paul Biya s'étaient rassemblés sur la voie publique, devant l'établissement genevois, dans l'après-midi pour manifester. Sur place pour couvrir l'événement, Adrien Krause, correspondant pour la radio au bureau genevois de la RTS, est témoin d'une charge d'une dizaine d'hommes, qui venaient de sortir de l'hôtel, sur les manifestants.
S'il ne peut pas affirmer qu'il s'agissait du service de sécurité du président Biya, il indique que ces personnes avaient des carrures de gardes du corps.
Dans cette confusion, le journaliste de la RTS filme la scène. C'est alors que les probables agents de sécurité l'agressent: ils l'immobilisent et lui arrachent son sac, contenant la majorité de son matériel professionnel. Son porte-monnaie et son téléphone portable sont également subtilisés. Les agresseurs retournent alors dans l'hôtel avec toutes ses affaires.
Plainte déposée
Après les faits, un négociateur, membre de la brigade de sécurité diplomatique, est dépêché sur place. Après deux à trois heures de négociations, les affaires du journaliste de la RTS lui sont finalement restituées au poste de police, sans aucune destruction.
Adrien Krause a porté plainte contre ces individus, qui possèdent probablement une immunité diplomatique. "Ça va être très difficile. J'espère que ma plainte et l'enquête qui s’en suivra permettra d’identifier clairement les personnes qui m’ont agressé et dépouillé en plein rue à Genève, sur la voie publique", a-t-il déclaré jeudi dans Forum.
Réagissant vendredi sur les ondes de la radio, le conseiller d'Etat Antonio Hodgers a estimé que cet événement était "totalement inacceptable". Il a rappelé que l'Etat de Genève était le seul responsable de la sécurité publique et donc le seul à pouvoir intervenir sur la voie publique. Antonio Hodgers a également jugé inacceptable qu’un journaliste dans le cadre de ses fonctions soit molesté et que son matériel professionnel soit confisqué. "C’est une atteinte à la liberté de la presse et le Conseil d’Etat prend cette affaire très au sérieux", a-t-il assuré.
Reporter sans frontière (RSF) Suisse condamne par ailleurs fermement cette agression via un communiqué diffusé vendredi. L'organisation de défense des journalistes attend des autorités suisses qu'elles donnent à cette atteinte inadmissible à la liberté d'informer toutes les suites qui s'imposent en dépit des difficultés juridiques et diplomatiques qui pourraient survenir.
gma
Le DFAE intervient
L'agression devant l'hôtel Intercontinental a des conséquences au plus haut niveau. Le Département des affaires étrangères (DFAE) a entrepris des démarches diplomatiques auprès des autorités camerounaises, a appris la RTS.
La Suisse réaffirme à cette occasion l'importance de la liberté d'expression et de la presse. Tout comme le respect des règles dans l'espace publique.
Cet incident tombe à un très mauvais moment pour la diplomatie suisse. La Suisse est en effet facilitatrice dans la crise politique que traverse le Cameroun. Le DFAE a même envoyé jeudi un communiqué qui indique qu'une réunion préparatoire a lieu quelque part en Suisse depuis mardi, avec plusieurs groupes de l'opposition. L'objectif est de préparer des futures négociations de paix.
La RTS condamne
La Direction de l’Actualité de la RTS "condamne fermement cet acte de violence qui constitue une atteinte à la liberté des médias. Un incident sans conséquence grave, dans le cas présent, mais qui rappelle que dans beaucoup de pays, y compris en Europe, l’exercice du métier de journaliste peut s’accompagner parfois de brutalités et de violences inacceptables."