Une course entre la tour de la télévision et Genève Aéroport, combien ça coûte? Et combien de temps ça prend? Impossible de donner une réponse précise, tant les disparités sont importantes entre les services de transport, comme l'indique le test mené par la RTS. Quatre sociétés ont été comparées simultanément durant l'après-midi du mercredi 7 août.
Premier service utilisé, Taxiphone est un poids lourd qui gérerait près de la moitié du marché cantonal des taxis. L'avantage de ses véhicules: ils peuvent emprunter les voies rapides et profiter des stations d'attente dans certains lieux publics, à l'instar de l'aéroport.
Face à lui, trois plateformes de VTC ont été évaluées: la californienne Uber, la française Kapten et la genevoise Lymo, qui a repris ses activités le 5 août dernier après un lancement avorté en mai.
Trop peu de véhicules disponibles
De premières différences sont observables dans les temps d'attente. S'il est nécessaire de patienter 6 minutes avant d'être pris en charge par un véhicule Taxiphone ou Uber, il faut compter près du double de temps (11 minutes) chez Kapten. La voiture Lymo arrive quant à elle après 16 minutes en raison d'un cafouillage, son chauffeur étant inscrit sur deux plateformes différentes.
A l'arrivée à l'aéroport, les disparités sont encore plus marquées. Taxiphone l'emporte largement avec un temps total de 14 minutes depuis la commande de la course. Uber et Kapten arrivent respectivement 9 et 15 minutes plus tard. Quant à Lymo, une nouvelle fois lanterne rouge, il lui faut un total de 36 minutes pour rallier Cointrin.
Le prix, lui, est tout aussi aléatoire en fonction du service utilisé. Mais cette fois-ci, c'est Lymo, dont le tennisman Stanislas Wawrinka est actionnaire, qui se révèle imbattable: moins de 23 francs. Les tarifs de Taxiphone (36,5 francs) et d'Uber (40,55 francs) sont bien moins avantageux. Mais c'est Kapten, propriété de Daimler et BMW, qui se révèle le plus onéreux avec une course 44,6 francs. C'est près du double de Lymo.
Comment se fait-il qu'Uber et Kapten soient plus chers qu'une compagnie traditionnelle de taxis alors que les services de VTC entendent justement casser les prix? Contacté par la RTS, Andreas Hinterberger, porte-parole d'Uber Suisse, ne cache pas son étonnement. Selon lui, une seule explication possible: il y avait trop peu de véhicules dans le périmètre à ce moment-là. Avec une demande supérieure à l'offre, l'algorithme a donc fait grimper les prix des courses. Directrice générale de Kapten Suisse, Frédérique Delahaye partage elle aussi cette analyse.
Certains tarifs divisés par deux
Taxiphone dispose d'un avantage sur le trajet du retour. La centrale de taxis possède en effet une station d'attente à l'aéroport et la prise en charge est immédiate. Il faut par contre patienter 6 minutes avant de voir arriver un chauffeur Uber ou Kapten tandis que Lymo se démarque de ses concurrents en faisant languir son client 19 longues minutes.
Concernant la durée totale de la course, Taxiphone l'emporte avec 17 minutes contre 21 minutes pour Uber et 25 minutes pour Kapten. Lymo arrive à nouveau bon dernier en 37 minutes. La start-up genevoise, qui avait relancé son activité deux jours auparavant, explique son retard par le relatif faible nombre de chauffeurs qui étaient abonnés à sa plateforme à ce moment-là.
La surprise vient des prix, avec une drastique diminution chez Kapten (20,1 francs) et Uber (25,85 francs). Cette baisse s'explique par un retour de davantage de chauffeurs à proximité. Avec une offre supérieure par rapport à l'aller, les prix ont nettement baissé. Lymo est stable à 22,15 francs tandis que Taxiphone est le plus cher avec une course à 37 francs.
Philippe Lugassy, Kevin Gertsch
Ce que perçoivent les compagnies
Les rémunérations des chauffeurs ne sont de loin pas toutes les mêmes en fonction des compagnies. Ainsi, Lymo leur ponctionne un montant maximal de 35 francs (5 francs sur les sept premières courses) par semaine et ne perçoit pas de commission ensuite. Les conducteurs ont en outre la possibilité de fixer eux-mêmes leurs tarifs, avec un mécanisme permettant d'éviter les sous- et surenchères. La plateforme concurrente Uber touche 25% sur tous les trajets et Kapten 15%. Taxiphone, pour sa part, perçoit 700 francs d'abonnement mensuel auprès de chaque chauffeur.