Future Tank, un groupe de réflexion sur le développement de Genève, a présenté mardi le résultat de ses deux ans de travaux autour du "Bonheur cantonal brut", un concept inspiré du Bhoutan (voir encadré) qu'il souhaiterait faire inscrire dans la Constitution genevoise.
Pour ce groupe de citoyens, le produit intérieur brut (PIB) -qui mesure la croissance économique- ne peut pas être le seul élément d'évaluation d'une société, la qualité de vie devrait elle aussi pouvoir être mesurée.
"Beaucoup de choses sont mesurées par l'intermédiaire du PIB et, aujourd'hui, on se rend compte que cela ne suffit plus, il faut introduire d'autres valeurs plus sociétales", a plaidé sur la RTS Felix Urech, professeur à la Haute école de gestion (HEG).
Cinq piliers
S'il n'est pas question de faire disparaître l'indicateur quantitatif qu'est le PIB, Future Tank propose d'y adjoindre des indicateurs plus qualitatifs, reposant sur cinq piliers:
"Il faut une économie prospère mais responsable, il faut du social, il faut tenir compte de l'environnement, il faut un gouvernement éthique et responsable, et il faut développer la culture", a énuméré Felix Urech.
Démarche apolitique
Les initiateurs se veulent pragmatiques. L'inscription du "Bonheur intérieur brut" dans la Constitution genevoise permettrait de "créer une nouvelle dynamique" pour "développer des aspects qui rendent les gens davantage heureux", selon Felix Urech.
Le comité de réflexion se revendique également apolitique, bien qu'on y retrouve d'anciens députés, de droite comme de gauche.
S'il s'est montré intéressé par la démarche, le Conseil d'Etat n'est pas totalement acquis à l'idée. Le projet de loi prendra donc le chemin du Parlement. Le groupe de citoyens souhaite éviter une récupération partisane.
ptur
Un concept inventé dans un petit pays d'Asie
Le concept du "Bonheur cantonal brut" s'inspire du Bhoutan, un petit pays d'Asie du Sud perché dans l'Himalaya qui fait figurer depuis 2008 dans sa Constitution le principe de "Bonheur national brut" (BNB).
L'indice BNB vise à définir le niveau de vie de manière plus globale que le PIB, en mesurant le bonheur et le bien-être de la population. Il ne s'intéresse pas seulement aux performances économiques et tient compte également de critères tels que le développement durable, la santé, le lien social, la qualité de l'environnement, la bonne gouvernance ou encore la sauvegarde des traditions culturelles.