Le week-end dernier, Pierre Maudet s'en est pris au budget genevois, déficitaire de 590 millions de francs, déclarant: "J'ai fait noter personnellement mon opposition [...] ce qui me permet de m'en ouvrir publiquement", déclare-t-il dans la presse.
Le chef du Département du développement économique a notamment accusé ses collègues de mal gérer leur département. Celui de l'instruction publique n'aurait pas engagé suffisamment d'enseignants, celui de la sécurité, pas assez de policiers.
Face à ces attaques, Mauro Poggia a répliqué sur Facebook, ironisant sur l'instinct de fin limier de son collègue, Pierre Maudet. Bref, un tel lavage de linge sale en public, c'est du jamais vu dans la République du bout du Lac.
Traité en trois minutes
Réuni mercredi matin pour une séance, le Conseil d'Etat n'en a pas profité pour régler ses comptes, à en croire son président Antonio Hodgers interrogé dans Forum: "Nous avons évoqué ce qui a été dit dans la presse ce matin en l'espace de trois minutes, parmi 100 à 200 points que nous traitons habituellement dans nos séances. L'image est certes écornée, mais en réalité elle ne nous empêche pas de travailler. Nos réunions sont menées entièrement et les réformes sont menées".
Questionné précisément sur les critiques de Pierre Maudet à l'encontre des autres membres du Conseil d'Etat genevois, Antonio Hodgers n'y voit rien de nouveau: "Monsieur Maudet a fait le choix de la rupture. Il l'a fait il y a une année quand il a menti au Conseil d'Etat, au Parlement et à la justice. Aujourd'hui, c'est une répétition, une réplique du séisme".
Elu il y a à peine un an, le Conseil d'Etat genevois actuel verra sa législature se terminer en 2023. Antonio Hodgers estime que le gouvernement genevois devra faire avec la situation actuelle jusque-là, mais regrette que Pierre Maudet n'ait pas démissionné: "Je rappelle que quand Monsieur Barazzone s'est fait mettre dans le collimateur de la justice, il a renoncé à continuer sa carrière politique. Idem pour Géraldine Savary ou Rémy Pagani. Il n'y a que Monsieur Maudet qui a fait le choix de rester. Ce n'est pas un choix du gouvernement. Nous, on fera avec et on ira jusqu'au bout du projet gouvernemental".
Propos recueillis par Esther Coquoz
Adaptation web: Jérémie Favre