Place Neuve, 20h30, l'obscurité rend la marche hésitante. Des piétons utilisent leurs téléphones portables pour traverser. La plupart des automobilistes ralentissent. Dans les transports publics, la centrale rappelle aux conducteurs cet événement particulier qui impose une intense concentration.
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Si les collectivités publiques ont joué le jeu en renonçant à allumer leurs éclairages publics, il n'en va pas de même pour les commerçants. Dans les rues basses, les vitrines et les enseignes sont allumés pour attirer les clients. La lumière est tellement forte qu'on ne remarque même pas que les lampadaires sont éteints. Les grandes chaînes de restaurants ne sont pas en reste.
Planètes en guest
Même si l'obscurité n'était pas totale et que les étoiles ont joué à cache-cache avec les nuages, le public n'a pas boudé son plaisir pour admirer le ciel. Des dizaines de personnes sont ainsi venues sur la Plaine de Plainpalais écouter les explications des astronomes de l’Observatoire de la Faculté des sciences de l’UNIGE.
Jupiter, Saturne et Arcturus, une géante rouge en fin de vie, étaient les stars de la soirée. Les questions ont fusé, notamment sur les recherches en cours pour trouver de la vie ailleurs dans l'univers. Les plus chanceux ont aussi pu apercevoir la queue de la Grande Ourse. Des observations du ciel étaient organisées depuis une trentaine de sites.
Présence policière renforcée
Même si une grande partie du Grand Genève se retrouvera dans le noir, il ne fallait pas s'attendre à un black-out total. Feux de signalisation, péages, douanes, mais également la plupart des éclairages privés resteront opérationnels.
>> Voir aussi : A Neuchâtel, l'extinction de l'éclairage public fait débat
Dans le canton de Genève, les passages piétons les plus sensibles seront équipés d'une signalisation spécifique, expliquent les organisateurs. Ils ajoutent que la police renforcera sa présence sur le terrain durant la soirée.
20'000 kWh d'économie
Outre les communes de l'agglomération, les Services industriels de Genève (SIG), l'Aéroport international, le CERN ou encore la RTS ont prévu d'éteindre leurs installations. Il en sera de même pour une soixantaine d'enseignes lumineuses le long de la Rade.
L'extinction de l'éclairage public - jusqu'à minuit pour le canton de Genève, toute la nuit pour la plupart des communes vaudoises et françaises - permettra également des économies d'énergie. Pour Genève, cela équivaut à une économie d'environ 20'000 kWh. Répétée chaque jour, cette démarche permettrait d'économiser la consommation annuelle de plus de 2100 ménages, selon les chiffres des SIG.
ats/jfe
L’évolution des émissions lumineuses en Suisse cartographiée
Selon Dark Sky Switzerland, qui plaide pour l’obscurité nocturne, la Suisse souffre davantage de la pollution lumineuse qu'on ne pourrait le croire. Si le ciel étoilé est facile à observer depuis les zones montagneuses - nettement plus que depuis les centres urbains -, il n'existe d'après l'association "plus d’endroit en Suisse où observer l’obscurité nocturne naturelle".
Cet organisme publie chaque année sur son site une "carte de la nuit" qui montre les émissions lumineuses en Suisse. Cette carte, mise au point par un chercheur de l’EPFZ, se base sur les données collectées depuis 2012 par un satellite américain. L’intensité lumineuse y est traduite, en quelque sorte, en "équivalents pleine Lune".
Cette carte permet de comparer les évolutions d'une année à l'autre. Les augmentations significatives de l'intensité lumineuse sont liées, dans la plupart des cas, aux grands chantiers de construction et aux nouvelles infrastructures, ainsi qu'au tourisme hivernal, selon l'association. A l'inverse, les diminutions sont attribuables aux conversions vers des LED et à une lumière intelligente, explique Dark Sky Switzerland. (ptur)