Pierre Beck a été condamné par ordonnance pénale pour avoir aidé une octogénaire à mourir alors qu'elle n'était pas malade. Il a décidé de faire opposition.
En 2017, le médecin et vice-président d'Exit Suisse romande prescrit du pentobarbital à une patiente de 86 ans, bien portante. L'octogénaire veut mourir en même temps que son mari, qui remplit les critères de l'aide au suicide. Pour elle, l'idée de devenir veuve est insupportable. Et elle a prévenu: si elle ne peut suivre son conjoint, elle se suicidera par ses propres moyens.
"Souffrance existentielle"
Condamné à 120 jours-amende avec sursis par le Ministère public genevois, Pierre Beck est conscient qu'il s'agit d'un cas limite. Pour justifier son acte, il invoque la souffrance existentielle de sa patiente.
Plus largement, ce procès rouvre le débat sur le suicide assisté pour les personnes non malades. "C'est un problème, maintenant, de savoir si on peut, dans notre société, aider des gens à mourir. Des gens qui sont fatigués de la vie (...). C'est un problème grave, qui va se poser de plus en plus souvent", réagit Jean-Jacques Grise, coprésident d'Exit Suisse romande.
Besoin de "directives précises"
Le président de la société médicale de la Suisse romande, Philippe Eggimann, n'est pas opposé à la révision de l'accès à l'aide au suicide, mais sous certaines conditions pour ne pas assister à une dérive. "On doit impérativement avoir des directives qui soient précises et qui puissent éviter (...) la pression sociétale, qui peut s'exercer sur un certain nombre de gens vulnérables, en particulier des personnes âgées, solitaires", détaille-t-il.
L'an dernier, l'Académie suisse des sciences médicales a déjà assoupli ses directives concernant l'aide au suicide. Mais la faîtière des médecins, la FMH, a jugé les critères trop lâches et ne les a pas intégrés à son code de déontologie.
Céline Fontannaz/jvia