Les deux établissements considèrent que la législation suisse actuelle sur l'expérimentation animale, qui compte parmi les plus sévères au monde, suffit. Les autorisations d'expérimentations ne sont délivrées que si aucune méthode alternative ne permet d'atteindre le but recherché et au terme d'une pesée d'intérêt.
L'initiative soumise au peuple genevois le 24 novembre étend notamment les droits individuels des membres de la commission cantonale pour les expériences sur les animaux (CCEA), qui émet des préavis sur les demandes d'autorisation. Cette instance réunit des scientifiques et des défenseurs de la cause animale.
Trop de pouvoir individuel
L'UNIGE et les HUG reprochent à l'initiative de vouloir accorder à chaque membre de la commission un droit de recours en justice contre la décision de préavis prise collégialement. En d'autres termes, "une seule personne aurait le pouvoir de freiner, voire de bloquer, la délivrance des autorisations". "L'enjeu est extrêmement important", souligne le recteur de l'Université de Genève Yves Flückiger lundi dans le 12h30. "Il s'agit de pouvoir maintenir sur le canton de Genève toute une série de recherches importantes."
Un tel mécanisme risquerait d'entraver la recherche médicale à Genève, estiment l'UNIGE et les HUG. L'attractivité de la place hospitalo-universitaire genevoise serait menacée. Au bout du lac, de grands spécialistes mondiaux mènent des recherches sur le cancer, le diabète ou des maladies dégénératives.
L'initiative compromettrait "cet écosystème régional". La recherche biomédicale a besoin de l'expérimentation animale pour développer des traitements. D'autres méthodes alternatives existent, telles que les cultures cellulaires, mais elles sont complémentaires, et ne peuvent pas remplacer complètement le modèle animal.
Une étape indispensable
L'expérimentation animale permet d'étudier "un organisme fonctionnel dans son ensemble", précisent les chercheurs. Elle est l'étape avant les essais cliniques d'un médicament ou d'un traitement. L'UNIGE et les HUG rappellent qu'aucun médecin, aujourd'hui, "ne prendrait le risque de mettre en danger la vie d'un être humaine sans essais préalables".
Actuellement, tout est fait pour limiter le recours à l'expérimentation animale. Les méthodes alternatives "sont privilégiées chaque fois que cela est possible". Chaque année, environ 40'000 animaux servent à l'expérimentation, à Genève. Il s'agit essentiellement de rongeurs.
ats/ebz