Libéré récemment sur décision du Tribunal fédéral, le prévenu, âgé de 28 ans et condamné cinq fois par le passé, est jugé avec une femme de 22 ans, considérée comme coauteur des actes. Un troisième militant de 21 ans est à leurs côtés, car il a fait appel de sa condamnation pour occupation d'un abattoir dans le canton de Soleure et dessin d'un tag dans un établissement genevois.
Le procès a débuté avec une série de questions préjudicielles soulevées par Olivier Peter, avocat du principal prévenu. La salle était comble. Outre les nombreuses parties plaignantes, de nombreux militants antispécistes étaient là pour soutenir leurs camarades.
Preuves irrecevables
Pour Me Peter, l'instruction n'a pas été faite dans les règles. Des preuves sont donc illicites et ne peuvent être retenues. "A Genève, certains policiers ont décidé qu'ils peuvent mener des actes d'enquête sans mandat du Ministère public", a-t-il indiqué. Et de souligner qu'un des instructeurs de police a été condamné pour faux dans les titres dans une autre affaire.
Relevant que la Cour européenne des droits de l'homme a conclu qu'une procédure est inéquitable si elle présente un ensemble de vices, il a invité le tribunal à classer la plainte et à indemniser son client pour la durée de son incarcération. Après plus de deux heures, le tribunal a refusé ces questions préjudicielles, tout en écartant certaines pièces et témoignages de la procédure.
Vitrines brisées
Sans transition et sans pause, la juge a procédé en début d'après-midi à l'audition des prévenus, cas par cas. Les deux accusés d'avoir commis les délits conjointement entre janvier et novembre 2018, ont contesté la plupart des faits, l'homme ne souhaitant pas répondre aux questions du procureur.
L'acte d'accusation retient des violations de domicile, par exemple pour avoir pénétré dans un abattoir de volaille du canton. Il retient aussi des dommages à la propriété envers des commerces. Des boucheries, restaurants et un fourreur ont aussi déposé plainte.
Ainsi, il est reproché aux deux militants d'avoir caillassé à deux reprises la vitrine d'une boucherie du centre-ville. Le coût de la remise en état de 22'618 francs a presque entièrement été pris en charge par les assurances, a expliqué le responsable. Des autocollants "Antispéciste" avaient aussi été collés. "On en a même gardé un ou deux", a-t-il plaisanté.
Le procès se poursuit jusqu'à jeudi. Les prévenus risquent jusqu'à deux ans de prison.
ats/jfe