Le projet dit du "Pré-du-Stand" avait d'abord été accepté dimanche dernier par 15 voix d'écart, avant d'être refusé par 9 petites voix à la suite d'un nouveau dépouillement, lundi. La Chancellerie avait parlé de 6 et de 18 votes requalifiés négativement. Mais en réalité, les mouvements liés au recomptage des bulletins ont été bien plus nombreux.
La radiographie des deux décomptes, opérée par la RTS, montre que 23 bureaux de vote sur 46 ont subi des changements. Ce sont donc 50% des locaux qui ont vu leurs résultats modifiés. Ce chiffre rassure et interpelle tout à la fois. Il est rassurant car il exclut a priori toute fraude. La dilution des modifications rend peu vraisemblable le scénario d'une falsification volontaire. Mais il interroge aussi: le système actuel est-il véritablement fiable si autant de bureaux de vote ont été affectés par un recomptage?
Requalifications de bulletins en nombre
D’autant que certaines requalifications de bulletins posent question. A Bernex, trois bulletins blancs - c'est-à-dire dépourvus de croix cochées - ont été requalifiés en votes négatifs. Ce cas de figure n'est pas isolé, puisqu'on le retrouve dans 21 bureaux de vote: soit des bulletins blancs ont été transformés en OUI ou en NON, ce qui est arrivé 15 fois, soit des bulletins cochés sont devenus blancs, ce qui s'est produit 18 fois.
A Carouge, c'est un bulletin pour le OUI qui a été requalifié en NON. Cela s'est aussi produit à Genève et à Vandoeuvres. A Chancy et dans six autres communes, ce sont douze bulletins nuls qui sont devenus valides. Dans le local Eaux-Vives-Frontenex, il manque même un bulletin par rapport au dépouillement initial de dimanche.
La Chancellerie évoque des failles humaines et techniques. Dans les locaux de vote, des erreurs de dépouillement peuvent arriver, dit-elle. Cela a été le cas à Carouge et aux Eaux-Vives. Les bulletins nuls devenus valides, eux, ont été requalifiés par la Chancellerie et la commission électorale centrale après vérification. Une procédure "ordinaire", selon la première.
Machines optiques pas infaillibles
Mais les six machines à lecteur optique que possède le Service des votations et élections (SVE) peuvent aussi se tromper. C'est ce qui s'est produit pour les bulletins blancs, selon la Chancellerie. "Si l'électeur a, par exemple, coché la case de la réponse trop légèrement avec un crayon gris ou s'il a débordé sur la case jouxtant sa réponse", explique-t-elle, "le lecteur optique est susceptible de ne pas être en mesure d'interpréter correctement sa volonté." Le taux d’erreur de ces appareils est de 1 sur 17'000 bulletins. Dans le cas d’espèce, sachant que 98'802 bulletins ont été rentrés, elles auraient dû se tromper au maximum six fois.
Notons que la Cour des comptes enquête sur le fonctionnement du SVE. Selon les renseignements de la RTS, elle devrait rendre ses conclusions fin février.
Raphaël Leroy/oang/ptur