Simon Brandt jurait avoir pris ses distances avec son mentor, empêtré dans l'affaire d'Abu Dhabi et de Manotel. La procédure qui le touche aujourd'hui montre le contraire: le député libéral-radical n'a rien fait sans l'accord de Pierre Maudet.
Le Ministère public a interpellé Simon Brandt vendredi. Il le soupçonne d'avoir fait fuiter, il y a un an, un document sur les notes de frais des employés municipaux. Il est également suspecté, en tant qu'employé de la police, d'avoir utilisé la main courante pour renseigner un tiers.
>> Lire : Le député Simon Brandt suspecté de violation de secrets de fonction
Maudet a demandé les informations
Ce tiers, c’est Pierre Maudet. Le journal Le Temps en faisait déjà mention lundi. Mais le conseiller d’Etat ne s'est pas contenté de recevoir l’information. Il l’a demandée auprès de Simon Brandt. Et ce dernier s'est exécuté, selon les sources de la RTS.
Simon Brandt a confirmé à Pierre Maudet l'existence d'une main courante de la police s'agissant d'une affaire de harcèlement sexuel touchant les Jeunes libéraux-radicaux genevois. Une affaire qui intéressait grandement les deux protagonistes dans une période agitée. En décembre 2018, Pierre Maudet est pris dans la tempête de son voyage émirati et de ses caisses noires. Il était donc intéressant d'allumer un contre-feu. Simon Brandt a d'ailleurs donné à l'édile des détails liés au cas de harcèlement. C'est tous ces éléments qui ont motivé son arrestation vendredi.
Infraction pas démontrée
La question de sa violation du secret de fonction sur ce dossier reste cependant ouverte. Avec un poste administratif à la police genevoise, Simon Brandt n'a pas les mêmes accès qu'un agent. L'enquête du Parquet dira ce qu'il en est.
A ce stade, il y a deux hypothèses sur cette transmission d’information. Le candidat à l'exécutif a pu demander à un collègue ayant accès à la main courante de le faire pour lui. Mais il a tout aussi bien pu demander à des personnes proches de l'affaire de le renseigner. C'est la deuxième hypothèse, celle qui exclurait toute infraction pénale. C’est celle d'ailleurs que défend l'intéressé.
Tentative de fuite orchestrée
L'implication de Pierre Maudet auprès de Simon Brandt ne s'arrête pas là. Les recherches de la RTS montrent qu'il a orchestré avec Simon Brandt la fuite du rapport sur les notes de frais des fonctionnaires municipaux. Tout du moins, la volonté de faire fuiter le document est manifeste.
Les deux hommes ont discuté du moment le plus opportun de la diffusion. Ils ont également échangé sur le média privilégié pour le faire. Simon Brandt s'en est même remis à la décision finale de Pierre Maudet. La proximité entre les deux hommes est patente et donne le sentiment d'un rapport asymétrique.
Cet aspect surprend, car Pierre Maudet est un magistrat cantonal. Il n'a donc, en théorie, plus de lien avec la Ville de Genève, même s'il en a été un élu pendant six ans.
La RTS a confronté ces éléments à Pierre Maudet. Il ne souhaite pas faire de commentaires sur une procédure en cours. Quant à Simon Brandt, nous l'avons invité à s'expliquer à Forum. Sans succès.
Raphaël Leroy/ani