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Equipement médical lourd de plus en plus réglementé en Suisse romande

Limiter les équipements médicaux techniques lourds pour baisser les coûts de la santé? Après d'autres cantons, Genève s'y met.
Limiter les équipements médicaux techniques lourds pour baisser les coûts de la santé? Après d'autres cantons, Genève s'y met. / 19h30 / 2 min. / le 5 février 2020
Depuis quelques jours à Genève, la mise en service de nouveaux équipements médico-techniques lourds doit être validée par le Conseil d’Etat. Objectif: réduire les coûts de la santé. Les médecins dénoncent une mesure inefficace et qui limitera l’innovation.

À Genève, les appareils à imagerie médicale se multiplient comme des champignons dans les hôpitaux: entre 2014 et 2019, la hausse atteint 70% pour les CT-Scan, 54% pour les IRM et 33% pour les PET-Scan. Pour le conseiller d’Etat genevois Mauro Poggia, c’est trop. "Les Genevois sont suréquipés pour ce type d’investissements, il n’est pas nécessaire d’en rajouter".

Depuis le 18 janvier de cette année, toute nouvelle mise en service d’équipement médico-technique lourd doit désormais être validée par le Conseil d’Etat, sur préavis d’une commission composée de représentants des autorités, des assurés, des établissements médicaux publics et privés et des médecins.

>> Lire à ce sujet : Genève pourra limiter le nombre d'équipements médicaux lourds

Jusqu'à 4 millions l'appareil

Le coût de ces appareils de pointe est considérable. Un CT Scan ou scanner coûte entre 500'000 et 1,2 million de francs; une machine à IRM, entre 1,5 et 3 millions, et un PET-Scan - ou tomographe par émission de positons, qui sert à vérifier le fonctionnement des organes - de 3 à 4 millions de francs. Or, le prix des examens est en rapport avec celui des appareils: 300 à 500 francs pour un scanner, 800 à 1000 pour un IRM et jusqu'à 3000 pour un PET-Scan.

Je pense qu'on a des habitudes d’enfants gâtés ici à Genève. Les Genevois sont suréquipés pour ce type d’investissements

Mauro Poggia

"Je pense qu'on a des habitudes d’enfants gâtés ici à Genève. Les Genevois sont suréquipés pour ce type d’investissements, et aujourd'hui il n’est pas nécessaire d’en rajouter. Si un patient doit attendre 48h de plus pour un examen qui n’est absolument pas urgent, il faut qu'il l'accepte, et je le dis aussi aux assurés genevois", a réagi le ministre en charge de la santé Mauro Poggia dans le 19h30 de la RTS. Il est vrai que Genève se place souvent dans le peloton de tête des cantons où la densité d’équipements médicaux lourds est la plus élevée.

En instaurant un contrôle sur la mise en service de ces équipements lourds, Genève s’aligne sur la majorité des cantons romands. Pionnier, le canton de Neuchâtel limite la mise en service de ces nouveaux équipements depuis 1998. Il a été suivi par tous les autres cantons romands, sauf le canton de Berne et le Valais. Le Grand Conseil valaisan a cependant d'ores et déjà agendé une discussion sur le sujet en mars prochain.

Inutile pour les médecins genevois

L’association genevoise des médecins dénonce, elle, une lenteur administrative et un frein à l’innovation. Pour son président, l'ophtalmologue Michel Matter, les règlements déjà en vigueur dans les autres cantons n’ont eu aucun impact. Par ailleurs, il s’inquiète d'une étatisation de la médecine, car la mesure touche aussi les établissements médicaux privés. Il estime qu'il est plus efficace de mieux former les médecins: "Ceux qui ont une excellente formation vont faire moins de demandes, on le sait".

Sujet TV: Julien Chiffelle
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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