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A Genève, la préférence cantonale fait son entrée dans le secteur privé

La charte vise à favoriser l'emploi local à Genève, aussi dans le privé. [Keystone - Gaëtan Bally]
A Genève, la préférence cantonale fait son entrée dans le secteur privé / La Matinale / 1 min. / le 21 février 2020
Un accord inédit a été signé jeudi entre l'Office cantonal de l'emploi et la Fédération des entreprises romandes. Cette charte oblige les sociétés intéressées à passer par l'Etat lors de recherches d'employés.

Cet accord est l'aboutissement de la politique menée par Mauro Poggia depuis son élection en 2013. Le conseiller d'Etat MCG avait fait de la préférence cantonale à l'embauche la pierre angulaire de son action.

Dès 2014, il imposait cette notion décriée encore quelques années plutôt à toute l'administration cantonale, y compris les entités subventionnées et les régies publiques que sont les HUG, l'aéroport ou les TPG.

Toute entreprise peut signer la charte

Les résultats affichés sont réjouissants: près de trois quarts des engagements à l'Etat le sont via l'Office cantonal de l'emploi. Ne restait donc plus qu'à convaincre le secteur privé, le plus grand pourvoyeur d'emplois du canton. C'est désormais chose faite: toute entreprise peut désormais signer une charte avec l'Etat.

Il est important pour notre économie, mais aussi pour notre cohésion sociale, de ne pas laisser sur le bord de la route des gens qui perdent leur travail pour aller chercher des gens qui viennent - malheureusement - de plus en plus loin.

Mauro Poggia, conseiller d'Etat genevois MCG

"Je pense qu'on a fait le tour du problème, et on est allés au maximum de ce qu'on peut faire avec l'arsenal juridique actuel. Maintenant, évidemment, le chemin est encore long à parcourir. Parce qu'entre la présentation d'une charte, la signature par un nombre important d'entreprises et la mise en oeuvre adéquate des réponses de l'Office cantonal de l'emploi, il y aura encore des ajustements à faire... et c'est là que nous devons être meilleurs!", a réagi Mauro Poggia, vendredi dans La Matinale de la RTS.

"Je pense que si tout le monde comprend qu'il est important pour notre économie, mais aussi pour notre cohésion sociale, de ne pas laisser sur le bord de la route des gens qui perdent leur travail pour aller chercher des gens qui viennent - malheureusement - de plus en plus loin. On n'a plus à faire uniquement à ces frontaliers historiques qui font partie de notre bassin de population", ajoute-t-il.

Annonce des postes vacants obligatoire

La société s'engage à annoncer tous ses postes vacants à l'Office cantonal de l'emploi. En échange, ce dernier se doit de lui proposer jusqu'à cinq candidats dans les cinq jours. Ceux-ci sont ensuite reçus par l'employeur, qui décide ou non de les engager. Il n'y a aucune contrainte, la base est volontaire. C'est la seule solution, selon les principaux intéressées, pour respecter la libre circulation des personnes.

Ne pas s'engager dans des mesures d'accompagnement (...), c'est laisser croire à la population qu'on est dans une économie ultra-libérale et qu'on veut ouvrir les frontières au détriment de la population locale.

Ivan Slatkine, président de la Fédération des entreprises romandes

Pour les entreprises volontaires, la charte reste une contrainte supplémentaire à l'embauche. Mais pour le président de la Fédération des entreprises romandes, Ivan Slatkine, il s'agit d'une contrainte nécessaire.

"Aujourd'hui, ne pas s'engager dans des mesures d'accompagnement, même si ce sont des mesures volontaires sans contrainte, c'est laisser croire à la population qu'on est dans une économie ultra-libérale et qu'on veut ouvrir les frontières au détriment de la population locale. Ce n'est pas du tout dans ce sens-là qu'on s'inscrit. On a besoin de cette ouverture, parce que Genève a plus d'emplois que de personnes résidentes, mais on doit faire en sorte de favoriser l'emploi des gens qui sont ici pour les rassurer", détaille-t-il.

Raphaël Leroy/jvia

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