La mention surprend et prête à confusion. Le 5 avril, les électeurs genevois ne pourront voter que par correspondance pour le second tour des élections municipales. Cette décision exceptionnelle, qui prohibe donc le vote à l’urne le dimanche matin, a été prise le 20 mars dernier par le Conseil d'Etat pour faire face à la crise sanitaire du Covid-19.
Or, les électeurs ont reçu dès mercredi un matériel de vote qui dit le contraire. La brochure explicative mentionne à deux reprises que le vote à l'urne est possible, a constaté la RTS. Les adresses des quelque soixante locaux de vote existants y sont même détaillées. Et ce n'est pas tout. L'enveloppe de vote bleue, qui contient les bulletins, fait également mention de la possibilité de voter au local.
Pas d’erreurs, selon la Chancellerie
"Il ne s'agit pas d'erreurs, ni de fausses informations", répond la Chancellerie d’Etat genevoise. Elle explique que le matériel de vote avait déjà été imprimé et mis sous pli le 20 mars, jour de la décision de l'Exécutif, "afin de respecter les délais légaux de réception du matériel de vote par les électrices et électeurs".
Il n'était dès lors pas possible, selon la Chancellerie, de le modifier, ni d'ajouter à la dernière minute un courrier d'information sur les mesures prises concernant le déroulement du vote. "Ces mesures font ainsi l'objet d'un courrier postal envoyé à chaque électrice et électeur, précise-t-elle. Ce courrier est en cours d'acheminement. Ces mesures figurent également sur le site internet des élections". Combien va coûter ce courrier acheminé à plus de 258'000 électeurs genevois? La Chancellerie n’a pu préciser à la RTS ce montant, mercredi soir.
Ensemble à gauche fulmine
Cette péripétie inquiète encore davantage Ensemble à gauche qui a déjà déposé avec le MCG un recours contre la tenue du scrutin. "On dit aux gens de rester chez eux et on les invite officiellement à aller voter tous ensemble à l’urne le 5 avril. C’est idiot !", s’exclame le député Pierre Vanek. "Même aller à la boîte aux lettres pour voter par correspondance posera problème à certains".
Ensemble à gauche prévoit dès lors de compléter son recours devant la Cour constitutionnelle avec ce nouvel élément. "Il y a clairement un problème", se soucie l’élu. "Cela montre que l’opération électorale est improvisée et malvenue dans les conditions de crise que l’on vit".
Raphaël Leroy/lan