Dans le sous-sol d'une ville qui s'est transformée de fond en comble avec les siècles, ces 6 à 8 kilomètres de galeries souterraines, construites en molasse et en brique, étaient assez hautes pour qu'un homme puisse se tenir debout. A l'origine, c'étaient des ouvrages militaires : "Avec ce réseau de galeries, Genève faisait partie au 18e siècle des villes d'Europe les plus étroitement fortifiées", explique Mathieu de la Corbière, directeur du service de l'inventaire des monuments d'art et d' histoire à l'Office du Patrimoine et des sites genevois, mardi dans le 12h30.
Ces tunnels étaient à l'origine des ouvrages militaires et avaient plusieurs fonctions: surveiller et écouter l'ennemi, faire exploser des portions du terrain s'il progressait et même attaquer si la ville était assiégée. Et puis tout simplement, ces souterrains permettaient de circuler en toute sécurité le long des fortifications.
Vers une ouverture au public
Vers 1850, des sans-abris et des malfaiteurs se réfugiaient dans ces galeries. Le Conseil d'Etat a ainsi décidé de les boucher. Certaines ont même servi d'égouts. Aujourd'hui, la ville a évolué et il en subsiste seulement quelques centaines de mètres.
"Quand on est dedans, c'est assez magique, inouï à voir. C'est intrigant, on est décontenancé, perdu, car c'est une topographie qui ne correspond plus à la ville actuelle", confie Mathieu de la Corbière.
Ces souterrains ont déjà été ouverts au public en 2011 pour les Journées du Patrimoine et leur visite avait rencontré un immense succès. Ce nouveau projet de loi prévoit d'en faire un inventaire, de les inscrire au patrimoine et vise aussi à rendre pérenne l'ouverture aux visiteurs.
Sylvie Lambelet/boi