A Bois-Caran, à La Gradelle et à Sécheron, la fronde s'organise. Les enseignants de ces trois cycles d'orientation (CO) craignent pour la santé des élèves, celle de leurs parents et celle du personnel. Ils l'ont écrit en fin de semaine dernière à la conseillère d'Etat genevoise chargée de l'instruction publique, Anne Emery-Torracinta, a appris la RTS.
A Genève, la reprise des cours des élèves de 9P à 11P se fera à mi-temps. Chaque classe sera séparée en deux demi-groupes. L'un viendra le matin, l'autre l'après-midi pour suivre les cours ordinaires, en alternance chaque semaine. Une reprise complète est prévue d'ici au 8 juin, moyennant une évaluation régulière de la situation.
Appel anonyme à la désobéissance civile
"A la lecture du "protocole de reprise de l'école à l'enseignement obligatoire" et du "plan de protection pour assurer l'accueil au cycle d'orientation durant la phase de transition 1 COVID-19", nous sommes extrêmement inquiets pour la santé de nos élèves, de leurs familles ainsi que pour la santé de tous les collaborateurs de l'école", avance l'Association des Maîtres-ses de Sécheron dans un courrier que la RTS a pu consulter. "Nous considérons que ce protocole et ce plan de protection ne permettent pas de garantir la sécurité du personnel, des élèves et de leurs familles."
Les enseignants genevois attendent dès lors des réponses du département: des masques et du gel hydroalcoolique seront-ils fournis dès lundi? Quid des distances sociales entre adolescents? Une lettre anonyme appelant les professeurs à ne carrément pas venir enseigner le 11 mai circule dans les milieux concernés à Genève.
"Dans cette attente, nous prônons le respect de la santé et des sensibilités de chacun", assurent les maîtresses et maîtres du CO de Sécheron. "Nous aurons ainsi besoin d'avoir accès immédiat aux protections (en tous les cas, masques et gel en suffisance). Le port du masque sera encouragé à l'intérieur de l'école. Cela selon le principe de précaution dans le but de minimiser les risques de contagion et tout au moins comme un acte de bienveillance à l'égard des personnes inquiètes à ce sujet."
Réunion lundi
Ce malaise est partagé par la FAMCO, le syndicat des enseignants du CO. Une réunion a d'ailleurs eu lieu lundi après-midi entre les représentants du personnel et Anne Emery-Torracinta, la cheffe du Département de l'instruction publique (DIP).
Ces discussions ont eu lieu dans un climat serein, selon le DIP. Elles ont notamment porté sur les conditions du retour au travail et de la rentrée scolaire. "Les inquiétudes au sein du personnel ont été exprimées par la FAMCO ainsi que d'autres associations professionnelles au cours de cette réunion", indique le porte-parole du DIP, Pierre-Antoine Preti.
"Le département a ainsi pu éclaircir un certain nombre de problématiques et répondre à des questions concrètes sur les mesures de protection élaborées avec le médecin cantonal. Le DIP confirme que le scénario de reprise tel qu'actuellement proposé sera régulièrement évalué, dans le cadre d'une situation encore évolutive."
Raphaël Leroy