Il y a environ un an, l'hebdomadaire GHI faisait état de l'arrestation d'un entrepreneur du sexe bien connu dans le quartier des Pâquis, à Genève, et ajoutait que l'analyse de son téléphone portable montrait qu'il avait de multiples contacts avec des agents de la force publique.
Olivier Jornot, procureur général, demandait alors à l'IGS (Inspection générale des services), c'est-à-dire la police des polices, de prendre en main cette affaire sensible. De source sûre, l'enquête de l'IGS se poursuit, mais plusieurs dossiers ont déjà été transmis au procureur général Jornot.
Procédure pénale à l'encontre de trois inspecteurs
Le patron du ministère public a ainsi notamment ouvert une procédure pénale à l'encontre de trois inspecteurs qui ont bien connu le Groupe prostitution de la police cantonale genevoise, dissous en 2018.
Il semble qu'aux yeux de la justice, ces policiers ont perdu la distance nécessaire pour effectuer leur travail de contrôle comme il se doit. Dit autrement, ces policiers auraient eu des liens trop forts avec l'entrepreneur du sexe faisant l'objet d'une instruction pénale depuis un an et ayant été placé en détention provisoire pendant plusieurs mois.
Olivier Jornot a fait part de certaines informations sur ces trois inspecteurs au conseiller d'Etat en charge de la Sécurité, Mauro Poggia.
Suspendre un policier, une mesure rare
Contacté par la RTS, le magistrat confirme la suspension avec traitement (avec salaire) de ces trois inspecteurs. Mauro Poggia fait savoir par écrit que "les éléments résultant de l'enquête pénale dont j'ai été autorisé à prendre connaissance, indépendamment de la question de savoir s'ils ont également une connotation pénale, s'ils devaient se confirmer, sont de nature à rompre définitivement le rapport de confiance qui doit exister entre l'Etat et ses collaborateurs, de surcroît lorsque ces collaborateurs sont fonctionnaires de police."
Et d'ajouter: "En l'état actuel, et avant audition des intéressés, le traitement est maintenu, afin de ne pas préjuger de la décision qui sera prise. Par contre, au vu des éléments portés à ma connaissance, je ne conçois pas de prendre le risque que ces personnes puissent poursuivre leur activité."
Selon nos informations, suspendre un policier est une mesure rare. Cela arriverait une dizaine de fois par an seulement.
Fabiano Citroni/ther
Sujet traité dans le 12h45 du 16 mai 2020