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Genève s'inquiète pour la pérennité de son patrimoine bâti, souvent méconnu

Le Lignon à Vernier (GE) est l'un des bâtiments les plus long au monde. Déroulé, il s'étend sur plus d'un kilomètre. 6000 personnes y vivent. [Claudio Merlini]
La Cour des comptes de Genève s'inquiète de la protection du patrimoine bâti / Le 12h30 / 1 min. / le 19 mai 2020
La Cour des comptes genevoise a rendu mardi un rapport concernant la protection du patrimoine bâti dans le canton, sous forte pression foncière en raison de l'exiguïté de son territoire. Si les instruments de protection existent, ils sont souvent activés trop tard.

Compte tenu de la faible surface disponible et de l'explosion démographique, les terrains constructibles sont chers et prisés à Genève, ce qui aiguise l'appétit des promoteurs. A cela s'ajoute le fait que le canton cherche à préserver sa surface agricole. C'est donc essentiellement en ville qu'il faut construire, plus particulièrement dans les quartiers de la proche périphérie, où sont érigés villas et petits immeubles anciens. Or, ceux-ci peuvent parfois revêtir un intérêt patrimonial certain.

Pour éviter que des édifices architecturalement importants ne disparaissent en raison de la densification rapide du canton, la Cour des comptes genevoise s'est penchée principalement sur quatre communes représentatives en la matière et qui se sont fortement urbanisées: Chêne-Bourg, Chêne-Bougeries, Meyrin et Vernier. Elle en a conclu que plusieurs points devaient être améliorés.

Déficit de connaissances

La bonne nouvelle est que le canton dispose de beaucoup d'instruments pour protéger ce patrimoine. Une campagne de recensement est d'ailleurs menée depuis 2015 par le Département du territoire, car la richesse d'un patrimoine architectural ne se limite pas aux bâtiments emblématiques. Mais la stratégie mise en place n'est pas adéquate. Souvent, la question de la valeur patrimoniale intervient trop tard et fait les frais d'autres intérêts, financiers ou sécuritaires.

"Nous estimons aussi qu’il y a un déficit de connaissances tant au niveau du public que des professionnels", complète le président de la Cour des comptes François Paychère. En clair, les propriétaires sont nombreux à ne pas connaître la valeur réelle de leur bâtiment. Il s’agira donc aussi de mieux informer.

Le territoire n'est pas "une page blanche"

Au total, trois recommandations ont été adressées au département du territoire (celui qui est responsable du patrimoine), qui les a toutes acceptées.

"La Cour des comptes vient confirmer les nouvelles orientations prises au niveau du département ces quatre à cinq dernières années. Il s'agit de les approfondir et de les matérialiser, ce qui n'est pas simple, car il s'agit d'un changement de culture", a réagi le conseiller d'Etat genevois en charge de l'Aménagement Antonio Hodgers. "Avant, les architectes et les urbanistes travaillaient comme face à une page blanche. Hors, non, le territoire a une histoire. Il faut respecter cette histoire, cette identité", a estimé l'élu écologiste dans le 12h45 de la RTS.

>> Ecouter son interview dans le sujet du 12h45 mardi :

La cour des comptes à Genève estime que le canton peut faire mieux pour le patrimoine
La cour des comptes à Genève estime que le canton peut faire mieux pour le patrimoine / 12h45 / 1 min. / le 19 mai 2020

Sylvie Belzer/vic

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