Au cours d'un réquisitoire d'une trentaine de minutes, le procureur Etienne Moreau a reconnu que pouvait "se poser la question de savoir si l'on saura exactement ce qu'il s'est passé". "C'est un dossier de témoignages", a-t-il admis.
Indignée par la lourdeur des réquisitions, la défense a le plus souvent plaidé la relaxe, en mettant en avant le manque de preuves contre les cinq accusés. Le jugement est attendu dans la nuit.
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Le 8 août 2018, vers 05h00 du matin, une altercation survenait à la sortie de l'établissement de nuit Le Petit Palace à Genève, alors que celui-ci venait de fermer. Un homme avait d'abord insulté une première femme, la traitant de "grosse", celle-ci répondant par d'autres insultes. En retour, elle recevait des coups de pied et de poing, au ventre et dans la tête.
L'individu était rejoint par quatre autres hommes, alors que quatre autres femmes intervenaient en défense de la jeune femme. L'une d'elles, jetée au sol et rouée de coups, avait dû subir une opération du cerveau en urgence, son pronostic vital étant alors engagé.
"Ils cherchent la faille pour nous faire passer pour des menteuses"
Une victime a accepté de parler anonymement à RTSinfo; son entourage ne sait rien de cette agression, ses enfants non plus. Mardi, elle revoyait pour la première fois depuis deux ans ses agresseurs, et les quatre femmes qui, d'après elle, lui ont sauvé la vie ce 8 août 2018. A cette date, sa vie a changé: "Tout. Ma façon de voir la vie... La peur que je n'avais pas avant, la méfiance. Confiance en soi".
En venant au procès, elle espérait que les prévenus assument leurs actes. Elle n'aura rien: "J'avais encore espoir qu'en vingt-et-un mois, ils aient une petite part d'humanité et qu'ils regrettent leur acte, déjà. Je ne pensais pas du tout qu'ils allaient rester sur leur propos et chercher la petite faille pour nous faire passer pour des menteuses".
"Violence inouïe"
"On parle de scène de guerre, de violence inouïe", a dénoncé le procureur. Pour lui, "le résultat des violences n'est pas contesté; il n'est pas contestable" et il explique la sévérité des réquisitions.
Contre un homme de 22 ans, "celui sans qui rien ne serait arrivé", son copain de 24 ans, en état de récidive légale, et un troisième accusé de 22 ans, également en récidive, ont été requis sept, neuf et treize ans de prison avec maintien en détention.
Contre un quatrième mis en cause de 25 ans, et le dernier accusé de 22 ans, en état de récidive légale, qui comparaissent tous les deux libres à l'audience, le procureur a requis cinq et sept ans d'emprisonnement, avec mandat de dépôt, dont deux ans de sursis probatoire pendant 18 mois.
ats/cab