Le Conseil d'Etat genevois est divisé sur la suite à donner à la manifestation de lundi dernier, selon les informations de la RTS. Ce jour-là, près de 2000 cyclistes s'étaient donnés rendez-vous vers la plaine de Plainpalais pour soutenir les nouvelles bandes cyclables, contestées par une partie de la population. Un rassemblement non-autorisé par la police et dont les participants n'ont pas tous respecté les normes sanitaires.
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Ces éléments ont convaincu le conseiller d'Etat en charge de la police et de la santé, Mauro Poggia, d'afficher une posture de fermeté. Sur Facebook et Léman bleu, il affirme sa désapprobation et promet de faire pleuvoir les amendes. Pour ce faire, il a demandé un avis de droit à son service juridique. Un avis qu'il a communiqué mercredi soir à ses six collègues.
D’autres manifestations à venir
Le texte dit deux choses, selon les informations de la RTS. D'une part, que ce rassemblement de cyclistes est bien une manifestation et que seuls ses organisateurs sont punissables dans ce cadre. D'autre part, qu'une telle manifestation est proscrite par l'Ordonnance 2 du Conseil fédéral sur les mesures destinées à lutter contre le coronavirus. Peu importe que les distances sociales aient ou non été respectées par les cyclistes, les rassemblements de plus de cinq personnes sont interdits. Dès lors, des contraventions peuvent être envoyées à tous les participants.
L'avis de droit souligne l'importance de communiquer sur ces points pour éviter que cela ne se reproduise. Car d'autres manifestations sont à venir à Genève. Il est fait mention d'un appel à manifester de cyclistes un samedi matin à une date inconnue. Et surtout de la fameuse Critical Mass qui rassemble des aficionados de vélos, de rollers ou de skates tous les derniers vendredis du mois. Et le dernier vendredi du mois de mai, c'est la semaine prochaine.
Hodgers s’oppose, Dal Busco se tâte
Mauro Poggia promet donc des sanctions, y compris pour les manifestations à venir. Il demande à ses six collègues de le soutenir dans cette démarche. Car on peut imaginer quelles conséquences il pourrait y avoir à réprimer la Critical Mass vendredi en pleine guerre des transports. Il a donc besoin d'un collège uni derrière lui. Mais il ne l'a pas, à ce stade.
Le président du Conseil d’Etat genevois Antonio Hodgers a fait part de ses réserves à Mauro Poggia. Et il n'est pas le seul, puisque le ministre des Transports Serge Dal Busco a demandé un temps de réflexion jusqu'à lundi.
Antonio Hodgers, qui est un élu des Verts, émet des doutes sur la capacité d'un rassemblement cycliste à propager le virus. Il dit sa ferme opposition à une réponse trop répressive et appelle à encadrer pacifiquement la future Critical Mass. Il met aussi en garde ses collègues: si la réponse devait être trop brutale la semaine prochaine, il se réserve le droit de rompre la collégialité.
Contactés, aucun des conseillers d'Etat genevois mentionnés n'a souhaité s'exprimer.
Raphaël Leroy/asch