Malgré une affluence en augmentation et une attente qui s'est étalée sur plusieurs heures, cette dernière était moindre que lors des derniers samedis grâce aux changements apportés à l'organisation. La reprise progressive des activités économiques n'a pas pour autant "absorbé les conséquences sociales durables" de la crise, a fait remarquer la Ville de Genève, qui pilote désormais cette assistance lancée il y a six semaines par la Caravane de Solidarité. Outre les paquets reçus, les bénéficiaires trouvent également sur place un encadrement pour mener leur recherche d'aides sociales, de soutiens financiers et d'accès aux soins.
Parmi les préoccupations des personnes qui se déplacent aux distributions figurent au premier rang les retards de loyers et d'autres factures. Dans l'affluence se mêlent aussi bien travailleurs précaires sans statut légal que résidents avec des titres de séjour. Ils reçoivent aussi des indications en termes de santé grâce à des interlocuteurs de Médecins Sans Frontières et des Hôpitaux universitaires genevois.
Décentralisation nécessaire
Cette distribution était aussi la dernière de la conseillère administrative en charge de la cohésion sociale et de la solidarité Esther Alder (Verts), avant l'entrée en fonction lundi du nouvel exécutif. Selon elle, le dispositif, avec la reprise économique, "doit absolument basculer vers des opérations décentralisées dans les communes". L'affluence observée pose des questions sur l'aide sociale existante et l'accès pour certains groupes de populations à celle-ci.
Les dossiers des travailleurs sans statut légal et de l'accès aux aides sociales pour des bénéficiaires potentiels seront évalués par le canton. Esther Alder appelle le Grand Conseil à oeuvrer sur la demande du conseiller d'Etat socialiste Thierry Apothéloz d'un fonds d'urgence de 15 millions de francs.
Le site actuel de la distribution, à la patinoire des Vernets, sera encore utilisé samedi prochain. Les discussions se poursuivent ensuite pour un nouveau mécanisme. La fondatrice de la Caravane de Solidarité Silvana Mastromatteos salue de son côté l'engagement des bénévoles, alors qu'après Genève, le dispositif s'est élargi à plusieurs villes dans le canton de Vaud. Elle souhaite également que ces efforts ne diminuent pas après la reprise plus importante des activités économiques.
Précarité en augmentation à Zurich également
A Zurich, la précarité est aussi bien présente, mais moins visible. Pour les sans-papiers, les collectes se font dans des endroits plus discrets, par peur de la police. Les repas, eux, connaissent une affluence grandissante. "Au début, on servait 30 repas à midi, on pensait qu'il viendrait peut-être 50 personnes, mais depuis trois semaines, nous distribuons 200 repas par jour. Il y a de grands besoins", a témoigné Markus Muntwiler de l'Armée du Salut de Zurich dans le 19h30 de la RTS samedi.
ats/vic