La messe aurait dû avoir lieu le 29 février dernier, avant d'être repoussée au 30 mai. Déprogrammée à nouveau, car les rassemblements de plus de 300 personnes ne sont pas autorisés avant le 8 juin, elle a été repoussée à une date inconnue. Peut-être en 2021, ou peut-être jamais, car des paroissiens s'opposent à cette célébration unique.
Derrière le calme apparent des murs de la cathédrale, les tensions sont vives. Et les mots sont durs dans des emails et des lettres, qui révèlent ce qui gêne certains paroissiens. L'une de ces lettres dénonce "une institution dont la nature totalitaire est scellée par l'infaillibilité du pape".
Débat demandé
"Nous voulons un débat. Alors qu'on se bat pour la reconnaissance du droit des femmes, le Ministère pastoral des femmes pasteur n'est pas reconnu par l'église catholique. En tant que protestant, j’ai beaucoup de peine avec ça", a témoigné un paroissien dans le 19h30 de la RTS samedi. "On ne peut pas, sans aucune contrepartie du tout, donner la chaire de Calvin à une messe!", a pour sa part réagi Olivier Gachon, membre du conseil de paroisse.
On ne peut pas, sans aucune contrepartie du tout, donner la chair de Calvin à une messe!
Les représentants catholiques et protestants de Genève se sont pourtant beaucoup rapprochés ces dernières années et plaident l'amitié et la proximité. "Ca peut vraiment aller dans les deux sens. J'ai officiellement invité l'église réformée, si elle le souhaite, à célébrer un culte à la Basilique Notre-Dame de Genève", a indiqué le vicaire épiscopal de Genève, l'abbé Pascal Desthieux, qui évoque également le prêt aux protestants de la cathédrale de Bruxelles dans le cadre des 500 ans de la Réforme.
Décision en septembre
"Nous voulons que St-Pierre soit un lieu certes hautement symbolique du protestantisme, mais plus largement pour l'ensemble des Genevois qui ont envie de témoigner quelque chose de leur foi. C'est dans cette volonté d'un témoignage commun que nous avons offert aux catholiques de célébrer une messe à St-Pierre", a plaidé de son côté le président de l'église protestante de Genève Emmanuel Fuchs.
Lors de leur assemblée générale en septembre, les protestants choisiront de préserver St-Pierre en tant que symbole de l'identité protestante ou entameront un virage pour que la cathédrale devienne le symbole d'un rapprochement entre catholiques et réformés. Leur décision risque bien de résonner bien au-delà des frontières cantonales.
Sujet TV: Julien Chiffelle
Adaptation web: Vincent Cherpillod