Au total, 262 frais professionnels ont été analysés par le contrôle financier: la moitié des dépenses a été jugée non conforme, ce qui représente plus de 100'000 francs. Un rapport que les autorités voulait garder secret.
Mais une décision de justice a forcé la Ville à le transmettre à la Tribune de Genève.
Du parquet, des surclassements, des taxis...
Une partie des éléments de ce rapport étaient connus, mais ce que la Tribune de Genève révèle laisse deviner une ampleur et des détails qui surprennent.
On apprend ainsi que, comme pour l'exécutif de la Ville de Genève, l'utilisation des cartes de crédit pose parfois problème avec les fonctionnaires. Quinze employés ont effectué des achats non conformes; l'un d'entre eux a acheté du parquet, par exemple. Un autre a effectué des achats privés avant de rembourser la somme à l'administration.
Les voyages sont aussi pointés du doigt: des remboursements de trajets effectués en taxis ou en véhicule privé, alors que l'alternative des transports publics était disponible. Ou encore des achats de billets de trains ou d'avions en classe supérieure, sans autorisation.
Autant d'éléments problématiques que la Ville de Genève affirme aujourd'hui avoir résolu: un nouveau règlement a été mis en place, avec une amélioration des contrôles.
Pourquoi le secret?
Pour les autorités de la Ville de Genève, l'argument principal de la non-diffusion du rapport est le souci de la protection du personnel. Un argument qui n'a pas convaincu la justice.
Les journalistes de la Tribune de Genève ont actionné une procédure de la Loi sur l'information du public (LIPAD) afin d'obtenir ce rapport. Les juges lui ont donné raison, après plusieurs mois de procédure, avec certaines mesures. Ainsi, tous les éléments qui permettaient de reconnaître les personnes impliquées ont été masqués.
Une autre raison du secret qui a entouré ce rapport, c'est le malaise de l'Exécutif de la Ville de Genève, qui a failli à son devoir de surveillance jusqu'à l'éclatement de l'affaire, en 2018. Un malaise que la nouvelle équipe, en place depuis le début du mois, espère bien voir appartenir au passé.
Vendredi matin, le bureau genevois de RTSinfo a invité le maire Sami Kanaan pour venir défendre la position de la Ville: il n'a pas pu se libérer. Mais, dans un message, il a rappelé qu'une nouvelle procédure a été mise en place, qui devrait permettre à la Ville de Genève de désormais rendre publics les futurs rapports.
Joël Boissard/sjaq