Le Ministère public l’a signalé mercredi matin aux différentes parties à la procédure, dont les cinq prévenus, via une ordonnance de prochaine clôture. Le Parquet indique son intention de rédiger un acte d’accusation et de renvoyer les prévenus en jugement.
Les trois procureurs Olivier Jornot, Stéphane Grodecki et Yves Bertossa ont informé les parties qu'il entendait "renvoyer en jugement les prévenus pour les faits relatifs au voyage à Abu Dhabi en novembre 2015, au sondage de 2017 en faveur de Pierre Maudet, à la procédure suivie pour la délivrance de l'autorisation d'exploiter l'établissement l'Escobar et pour des faits de violation du secret de fonction", confirme la direction de la communication du Parquet.
"Le Ministère public a également informé les parties qu'il entendait rendre une ordonnance de classement partiel pour les faits liés à la soirée d'anniversaire de mars 2018 et les financements octroyés par le groupe Manotel."
Les parties ont jusqu’à la seconde moitié du mois d’août pour requérir des actes d’instruction complémentaires, notamment l’audition de nouveaux témoins. Des requêtes qui peuvent toutefois être refusées par le Parquet, sans possibilité de recours.
Pas de démission pour l'instant
Le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet ne compte pas démissionner pour l'instant. Il le fera en cas de condamnation. Il a l'intention de se défendre et s'est déclaré mercredi, lors d'une conférence de presse retransmise par la télévision Léman Bleu, satisfait de l'intention du Ministère public de classer le volet Manotel de l'affaire. "Je ne suis pas une victime, mais une cible", a-t-il dit.
"Il y a la reconnaissance que dans une bonne partie du dossier il n'y a rien", a souligné le conseiller d'Etat PLR. Le soulagement viendra quand je pourrai constater que je suis acquitté", a-t-il ajouté. Les avocats du magistrat Fanny Margairaz et Grégoire Mangeat plaideront l'acquittement plein et entier lors d'un éventuel procès.
"Instruction uniquement à charge"
Pierre Maudet, son ancien bras droit ainsi que trois autres accusés sont prévenus notamment d’acceptation d’un avantage, d’abus d’autorité et de violation du secret de fonction.
L’avocat de l'ancien bras droit de Pierre Maudet, Me Jean-Marc Carnicé, indique qu’il s’agit d’une "instruction qui ne s'est déroulée qu’à charge, toujours en défaveur des personnes poursuivies".
"Le Ministère public a déployé des moyens colossaux, inhabituels, disproportionnés, avec le seul objectif de construire un dossier en vue de tenter d’obtenir une condamnation", a-t-il déclaré à la RTS. "Je me réjouis que ce soit bientôt terminé et que mon client puisse enfin bénéficier du regard neutre et objectif d’un tribunal. Je plaiderai l’acquittement."
Problème de séparation des pouvoirs
Interrogé dans l'émission Forum, Bertrand Reich, président du PLR genevois, a rappelé que Pierre Maudet avait annoncé, en novembre 2018, que s'il était renvoyé en jugement, a priori il démissionnerait.
"J'observe qu'on va avoir un problème de séparation des pouvoirs, avec un conseiller d'Etat en fonction qui se retrouve faire l'objet d'une procédure pénale au stade d'un jugement, ce qui va poser un certain nombre de problèmes institutionnels", a ajouté Bertrand Reich.
Il rappelle aussi que tous les conseillers d'Etat qui ont eu maille à partir avec la justice pénale ont démissionné, quitte à être acquittés après coup et retrouver leur honneur, même après une démission. "Mais selon la Constitution, personne ne peut amener M. Maudet à démissionner s'il ne le souhaite pas".
Pas d'appel à la démission de Mauro Poggia
Egalement interrogé dans Forum, le conseiller d'Etat Mauro Poggia n'a pas voulu se prononcer sur une éventuelle démission de son collègue: "Il n'y a rien de nouveau. Lorsqu'une autorité pénale ouvre une enquête, ça finit forcément avec une décision. Je rappelle que M. Maudet est toujours présumé innocent selon le droit pénal".
Raphaël Leroy/Joël Boissard/jpr
Simon Brandt démissionne du poste de vice-président du PLR Ville de Genève
L'ancien candidat malheureux à l'exécutif de la Ville de Genève et conseiller municipal Simon Brandt démissionne de la vice-présidence du PLR Ville de Genève. Il a annoncé sa décision mercredi matin au parti, a fait savoir l'actuel président de la section Vincent Latapie, confirmant une information de la Tribune de Genève.
Cette démission fait suite à la divulgation dans Le Temps de textos échangés entre Simon Brandt et le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet au sujet d'un financement d'une soirée. Les deux élus y évoquent le projet de modifier un procès-verbal et parlent d'en informer les membres sûrs du parti, suggérant qu'il en existe de moins sûrs.
Même si rien d'illégal n'a été fait et qu'aucun argent n'a été utilisé à d'autres fins que ce à quoi il était destiné, les messages écrits par Simon Brandt ont eu raison de sa fonction de vice-président de la section. Simon Brandt reste toutefois membre simple du PLR Ville de Genève, a souligné Vincent Latapie.