C'est une "victoire totale et définitive à Monaco", a salué dans un communiqué le marchand d'art genevois après l'arrêté de la Cour de révision du petit Etat. "Monaco a prouvé que la corruption n'a pas sa place dans la principauté", a ajouté Yves Bouvier, se plaignant d'avoir enduré "cinq ans de batailles judiciaires et de campagnes diffamatoires".
Annulation "pour des raisons purement procédurales, non par une absence de charge à l'encontre de M. Yves Bouvier", a contre-attaqué Dmitri Rybolovlev par la voix de ses avocats Hervé Témime et Thomas Giaccardi, en rappelant que la justice suisse restait saisie.
Marges "exorbitantes" en cause
En janvier 2015, le milliardaire russe, également propriétaire du club de football de l'AS Monaco, avait accusé Yves Bouvier de l'avoir escroqué en lui revendant avec des marges exorbitantes une collection de tableaux digne d'un musée - dont le "Salvator Mundi" de Léonard de Vinci, cédé depuis pour 450 millions de dollars - mais aussi des Picasso, Matisse ou Van Gogh.
Il avait porté plainte à Monaco pour des escroqueries commises selon lui à l'occasion de trois transactions, un de Vinci, un Gauguin et un Rothko. Ses avocats ont aussi saisi la justice suisse pour 38 autres transactions, entachées selon eux d'escroquerie, d'abus de confiance et de blanchiment d'argent. "L'instruction progresse" dans ces dossiers, assurent-ils. En revanche, "la procédure à Monaco prend donc fin", admettent-ils.
Liaisons dangereuses
Le 12 décembre dernier, dans un rebondissement rarissime, la procédure contre Yves Bouvier avait été annulée de A à Z par la Chambre du conseil de la Cour d'appel de Monaco au motif qu'elle était inéquitable et avait été menée de "manière partiale et déloyale" en raison notamment des relations entre les avocats de Dmitri Rybolovlev, les enquêteurs et le procureur général de l'époque.
Révélées au cours de l'enquête sur la plainte du milliardaire russe, ces relations ont depuis valu à ce dernier et plusieurs personnalités de haut rang de la principauté d'être inculpés.
Réactions des défenseurs
Avocat genevois d'Yves Bouvier, David Bitton a souligné mercredi dans un communiqué que les attaques de Dmitry Rybolovlev "n'ont rien à voir avec le rôle de M. Bouvier comme marchand d'art". Selon lui, l'homme d'affaires souhaitait notamment "déprécier artificiellement la valeur de sa collection dans le cadre de sa procédure de divorce".
"Les allégations diffamatoires de M. Bouvier et de ses avocats relèvent du fantasme", ont répliqué en soirée les avocats français de Dmitri Rybolovlev, Me Hervé Temime et Martin Reynaud, cités dans un communiqué. En revanche, les plaintes déposées contre Yves Bouvier sont "fondées sur les preuves claires et accablantes d’une escroquerie de plusieurs centaines de millions d’euros", ont-ils ajouté.
ats/oang