L'avis d'expulsion d'une infirmière iranienne suscite l'émoi à Genève

GE: une infirmière d'origine iranienne ayant travaillé en première ligne pendant la crise sanitaire est menacée d'expulsion.
GE: une infirmière d'origine iranienne ayant travaillé en première ligne pendant la crise sanitaire est menacée d'expulsion. / 19h30 / 2 min. / le 25 juillet 2020
C'est l'affaire qui a occupé le canton de Genève cette semaine: Helia, 29 ans, est une infirmière iranienne diplômée de la HES neuchâteloise. Faute de permis de séjour valable, elle vient de recevoir un avis d'expulsion. Une pétition circule pour demander au canton de revoir sa décision.

En 2017, Helia obtient son diplôme d'infirmière de la Haute école de santé neuchâteloise.

Elle travaille ensuite dans plusieurs établissements suisses, dont très récemment les HUG, pour lesquels elle a apporté son aide dans le département réservé aux patients atteints du Covid-19.

Pas de contrat, pas de permis de séjour

Mais il y a une semaine, la sanction tombe. La jeune Iranienne reçoit un avis d'expulsion: "C'est une situation très angoissante. On se donne à fond, on se bat, on donne tout mais au final, il y a des gens qui vous jugent et vous disent de rentrer chez vous parce que vous n'êtes pas intégrée", explique-t-elle samedi à la RTS.

Après ses études, Helia a eu 6 mois pour trouver un employeur d'accord de lui faire une demande de permis de séjour lié à son contrat. Mais aucune institution n'a accepté d'entamer ces démarches administratives, jugées trop compliquées.

Comme beaucoup d'immigrés en provenance de pays tiers, Helia se retrouve dans un cercle vicieux. Sans contrat, elle ne peut pas obtenir de permis de séjour et... sans permis de séjour, il lui est impossible de trouver un contrat.

"Il y a quelque chose de l'ordre du gâchis"

Depuis une semaine, une pétition pour protester contre son renvoi a commencé à circuler et a déjà recueilli plus de 5000 signatures.

"Je crois que c'est un mouvement d'indignation, pour dire que ce n'est pas possible que la Suisse se prive de quelqu'un comme elle. Il y a quelque chose de l'ordre du gâchis si on expulse quelqu'un qui nous aide à maintenir notre système de santé fonctionnel", juge Sylvain Thevoz, signataire et député socialiste au Grand Conseil genevois.

Pas de permis humanitaire

Le permis de travail étant impossible à obtenir, Helia demande alors un permis humanitaire à l'administration genevoise. Mais là encore, elle essuie un refus.

"Le permis humanitaire n'est pas une récompense pour bons et loyaux services. On le donne quand on ne peut légitimement pas demander à une personne de repartir dans son pays. Ici, les conditions ne sont pas remplies", explique Mauro Poggia, conseiller d'Etat genevois en charge du Département de la sécurité, de l'emploi et de la santé (DSES).

Un avis que ne partage pas Arnaud Moutinot, avocat membre de la commission des droits de l'homme du barreau genevois. D'après lui, le permis humanitaire est octroyé sur des critères qui sont indéterminés et vagues. Un domaine où le droit fédéral laisse une grande latitude aux cantons.

"La vie en général est beaucoup trop compliquée pour le droit. En particulier dans cette matière, les critères sont assez larges pour y faire entrer beaucoup de choses. Les décisions d'octroi ne sont jamais motivées, contrairement aux rejets. Cela laisse une marge de manoeuvre énorme."

Dans l'attente après un recours

Helia a déposé un recours contre la décision du canton. Reste donc à savoir si l'instance supérieure sera plus sensible à sa situation, et si elle prendra en considération le fait qu'elle a été formée en Suisse, où elle habite désormais depuis près de 10 ans.

Reportage TV: Cecilia Mendoza

Adaptation web: ther

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