Sont concernés par cette baisse les 50'000 personnes employées par l'Etat à Genève. Il s'agit plus précisément des employés des sept départements, ainsi que de la chancellerie. Mais aussi des employés de certains établissements de droit public.
Cette mesure temporaire, qui se déploiera sur quatre ans, est "considérée comme un effort de solidarité de la fonction publique, alors que 50% des employés du privé sont touchés par la crise", a déclaré le président du Conseil d'Etat Antonio Hodgers.
Une mesure qui garantit l'emploi ?
Pour Nathalie Fontanet, conseillère d'Etat en charge des Finances, cette mesure est le pendant de leur garantie de l'emploi.
La grande argentière a précisé sa pensée dans Forum: "Je crois qu'il est important de rappeler ce qu'il se passe dans le privé. Aujourd'hui, la moitié de la population active du canton de Genève a subi soit des indemnités pour réduction de l'horaire de travail (RHT), soit s'est retrouvée avec des allocations pour perte de gain (APG), soit a tout simplement perdu son emploi (..) Si nous étions une entreprise privée, nous aurions pu licencier dans ce contexte économique et nous n'aurions pas engagé de nouveaux collaborateurs pour 2021".
Cette baisse de la masse salariale permettrait une économie de 30,3 millions de francs en 2021. L'exécutif compte aussi suspendre l'annuité des fonctionnaires en 2021 et 2023. Une modification de la répartition des cotisations à la caisse de pension, moins favorable aux fonctionnaires, est aussi à l'ordre du jour.
Mieux répartir les charges
Toujours dans le but de maintenir la croissance des charges, le Conseil d'Etat veut aussi mieux les répartir entre le canton et les communes, notamment dans le domaine du social. Au final, les mesures préconisées par l'exécutif, qui doivent encore être avalisées par le Grand Conseil, permettraient des économies de 156 millions en 2021 allant crescendo jusqu'à 465 millions en 2024.
La croissance des charges atteint 0,6% en 2021, pour 9,189 milliards de francs, et 0,8% en moyenne jusqu'en 2024. "Ce niveau est historiquement bas", selon la cheffe des Finances.
"Les effets de la crise sanitaire sur l'économique se font sentir, et le pire reste à venir", a mis en garde Antonio Hodgers. Selon les estimations, le résultat global 2021 est ainsi péjoré d'environ 100 millions. A cela s'ajoute la mise en oeuvre de trois réformes majeures votées par le peuple qu'il faut "digérer", selon l'élu.
Des prestations supplémentaires
Dans ce contexte incertain, le Conseil d'Etat a clairement affiché sa volonté de soutenir ceux qui sont touchés par la crise. Des prestations supplémentaires sont retenues pour la cohésion sociale (+ 100 millions), la santé (+ 10 millions), la formation (+ 27 millions) et la mobilité (+ 3 millions).
Le gouvernement propose une hausse "contenue" de 353 postes (+2,1%), dont 62 auxiliaires pour renforcer les équipes de traçage pour lutter contre la pandémie. La formation obtient 164 postes en plus, "ce qui répond aux besoins" liés à la hausse du nombre d'élèves, a assuré la cheffe du Département de l'instruction publique , Anne Emery-Torracinta.
Le Conseil d'Etat veut préserver le niveau élevé des investissements dans les infrastructures et pour la transition écologique et numérique. "C’est une action que l’on peut qualifier d’anticyclique", a souligné le chef du Département des infrastructures Serge Dal Busco.
ats/boi
La gauche et les syndicats s'insurgent
Soutenu par la droite, l'effort demandé aux fonctionnaires est dénoncé par la gauche et les syndicats.
Dans un communiqué commun, les partis de l'Alternative - PS, Verts et Ensemble à Gauche - et les syndicats estiment que ces mesures "constituent une atteinte grave et inacceptable aux conditions de travail et aux salaires dans le secteur public." Elles menacent d'ouvrir "la voie à une dégradation généralisée des conditions de travail de l'ensemble des salariés du canton", secteur privé compris.
Pour la gauche et les syndicats, l'Etat doit jouer son rôle de redistribution des richesses afin d'atténuer les effets de la crise. Seule une fiscalité plus progressive et en particulier une hausse de l'imposition des grosses fortunes et grosses entreprises permettra de financer un véritable plan de sortie de crise, relèvent-ils.
La droite salue
A droite, on salue ces mesures d'économies et la croissance modérée des charges de 0,6%. Le PDC juge "acceptable" l'effort de solidarité demandé à la fonction publique, tout en considérant qu'il faut revoir le statut de fonctionnaire. Le PLR, lui, se déclare satisfait de la modification de la répartition des cotisations LPP.
En revanche, le PLR déplore les 353 nouveaux postes demandés dans le cadre du projet de budget, "ce qui est clairement trop et déconnecté de l'augmentation de la population." L'UDC, qui estime que la fonction publique coûte beaucoup trop cher, appelle à une "restructuration drastique de l'Etat", compte tenu du niveau de la dette genevoise "d'environ 18 milliards fin 2020".
En matière de fiscalité, le PLR annonce qu'il se battra "vigoureusement" contre toute hausse d'impôt, dont la réévaluation du patrimoine immobilier et l'augmentation des intérêts fiscaux.
Insatisfait du projet de budget, le MCG déposera prochainement un projet de loi concertant la taxation du travail frontalier pour plus de 170 millions.