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Genève, une ville touchée au coeur par la crise liée au coronavirus

Genève paie le prix fort de la crise du coronavirus.
Genève paie le prix fort de la crise du coronavirus. / 19h30 / 4 min. / le 26 septembre 2020
Hôtellerie, tourisme, aéroport ou voyage d'affaires, la ville de Genève est touchée de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Dans tous ces secteurs, on craint de devoir fermer boutique et la solution passe peut-être par des changements de stratégie.

Les conséquences économiques du Covid-19 sont nombreuses, mais diffèrent passablement d'une région à l'autre. Alors que les Grisons et le Jura ont plutôt tiré leur épingle du jeu cet été, le constat est lourd pour les villes. Et particulièrement pour Genève, où, sur les 15'000 emplois que compte le secteur de l'hôtellerie, 12'000 sont en RHT aujourd'hui.

Sa rade, ses boutiques de luxe, ses hôtels, ses organisations internationales: les atouts de la ville de Genève font aujourd'hui sa faiblesse. Pour Sophie Dubuis, présidente de Genève Tourisme interrogée samedi dans le 19h30, ces difficultés proviennent avant tout de la structure touristique particulière de la ville.

En premier lieu, Genève accueille des touristes qui viennent du monde entier, ce qui est assez unique, en tout cas comme ville en Suisse. Ensuite parce qu'elle compte environ 75% de touristes d'affaires, avec de nombreux congrès et des visites liées à la Genève internationale. Et enfin un grand nombre de sociétés, notamment des multinationales, gravitent au bout du lac. Or, tout est presque à l'arrêt dans ces secteurs.

Genève Aéroport sans passagers

C'est aussi ce tourisme spécifique qui faisait tourner l’aéroport à plein régime. Un aéroport qui engendre près de 33'000 postes avec un impact économique de plus de 4 milliards pour la région. Mais les passagers sont toujours absents.

"Nous sommes entrés dans la phase où on aurait normalement vu arriver les passagers d'affaires. Mais il n'y en a pratiquement pas. Et nous sommes plutôt entre 20 et 25% de passagers", explique André Schneider, directeur de Genève Aéroport. La société qui gère le tarmac a ainsi annoncé cette semaine qu'elle allait poursuivre les mesures d'économie entamées depuis plusieurs mois, avec à la clé notamment la suppression de 56 postes. Genève Aéroport chiffre les pertes à au moins 100 millions de francs en 2020.

>> Lire aussi : Genève Aéroport va supprimer 56 postes pour faire face à la crise

Palexpo sans exposants

A quelques pas de l’aéroport, Palexpo accueille habituellement un million et demi de visiteurs par an, dont 600'000 rien que pour le Salon de l’auto. Comme tant d’autres, cet événement n’a pas eu lieu cette année et son avenir est loin d'être assuré.

"On a dû annuler 80% de portefeuille, relève Claude Membrez, directeur de Palexpo Genève. Je vous laisse imaginer les pertes en nombre de visiteurs, en termes de nombre de exposants et évidemment en termes de chiffre d’affaires et de rentabilité. Ce sera une année 2020 extrêmement difficile."

Des hôtels sans clients

Mais le secteur le plus touché est celui de l'hôtellerie. Aujourd’hui, plus de 15% des hôtels sont fermés. Dans les trois étoiles, la catégorie d’hôtels majoritaire à Genève, le constat est sans appel. Mike à Porta, directeur de l'hôtel Bernina, établissement qui a rouvert ce printemps après rénovation, le dit clairement: "C'est misérable, je crois qu'il n'y a pas d'autre mot."

"On essaie de gérer les coûts, au mieux, réduire toutes les dépenses, ajoute le directeur. Heureusement qu'on a pu emprunter. Heureusement que nous bénéficions des aides RHT mises en place par l'Etat de Genève et l'Office cantonal de l'emploi. Autrement, j'aurais meilleur temps de fermer l'hôtel."

Une ville sans touristes suisses

Et, là aussi, la ville de Genève est particulièrement touchée: alors qu’en moyenne, les cantons ont pu profiter de la clientèle suisse cet été, avec une hausse de plus de 30%, la cité de Calvin a vu sa fréquentation reculer de presque 40% par rapport à l’année dernière.

"On a trop longtemps, je pense, négligé la clientèle suisse, tout simplement parce qu'on n'en avait pas besoin", confie encore Mike à Porta.

Thierry Lavalley, président de la Société des hôteliers genevois, la priorité est aujourd'hui de faire grandir le tourisme domestique. "Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain. Aujourd'hui, tout est beaucoup plus difficile et la compétition à l'intérieur de la Suisse est encore plus grande."

En outre, de nouveaux hôtels devraient ouvrir prochainement alors que Genève compte déjà 10'000 chambres. Au printemps déjà, une étude prédisait près de 40% de faillites dans le tourisme. Des chiffres confirmés par Sophie Dubuis, présidente de Genève Tourisme: "Je suis inquiète pour des gens qui ont des hôtels, des restaurants, des sociétés familiales depuis des années et qui vont devoir, par la force des choses, fermer les portes."

Sujet TV: Delphine Misteli

Adaptation web: Frédéric Boillat

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