Au terme d'un long débat, les députés ont rejeté le projet de loi du Conseil d'Etat modifiant les limites de zones sur le territoire de la commune de Puplinge par 45 non, 44 oui et 7 abstentions. Ils ont aussi refusé, par 44 non, 43 oui et 7 abstentions, d'entrer en matière sur un crédit d'investissement de 258,5 millions de francs pour la construction de l'établissement d'exécution de peine de 450 places.
Le PLR a plaidé en faveur des deux textes. "Genève ne dispose pas d'un établissement d'exécution de peine. La prison de Champ-Dollon, prévue pour la détention préventive, est suroccupée et ses conditions de détention ont été jugées illégales par le Tribunal fédéral", a rappelé Céline Zuber-Roy, rapporteuse de majorité.
Selon elle, la nouvelle prison permettrait de traiter dignement les détenus. Sur les 450 places, 300 seront pour les courtes peines. En outre, 25 places seront créées pour des femmes.
Pour un vote populaire
Ces arguments ont été rejetés par la gauche, qui a critiqué la politique carcérale du Conseil d'Etat et pénale du Ministère public: "75% des détenus effectuent des peines de moins de deux jours", a relevé Rémy Pagani, d'Ensemble à Gauche. Pour la Verte Adrienne Sordet, les alternatives - prison intercantonale, politique d'insertion des migrants sans papiers - doivent être mieux étudiées.
Divisée, l'UDC a déploré le sacrifice d'une zone agricole et le coût élevé du projet. Mais le parti estime que la nouvelle prison est nécessaire au vu du nombre de personnes en situation illégale à Genève.
Quant au PDC, il s'est abstenu. "Nous sommes mis devant le fait accompli. C'est un mauvais projet ou rien", a blâmé Sébastien Desfayes, soulignant son impact sur les finances cantonales pour les 50 prochaines années. Et de souhaiter qu'un référendum, par ailleurs annoncé par Ensemble à Gauche, soit lancé en cas d'acceptation: "Vu l'importance, le peuple doit pouvoir se prononcer."
"Des conditions inacceptables à Champ-Dollon"
"Les conditions de détention à Champ-Dollon ne sont pas acceptables. Il faut soutenir ce projet pour la dignité de notre canton", a relevé de son côté le conseiller d'Etat Mauro Poggia, en charge de la Sécurité. Selon lui, il n'est pas normal de mélanger des détenus en attente de jugement, présumés innocents, et en exécution de peine.
En outre, la prison de Champ-Dollon ne dispose pas de lieux de travail et de formation, offrant ainsi des perspectives d'avenir aux détenus. "En cas de refus, il n'y aura rien pour les dix prochaines années au moins", a mis en garde le magistrat. La rénovation de Champ-Dollon serait ainsi compromise.
ats/ther