C'est l'incompréhension, voire la colère qui prévaut au sein des députés genevois. Samedi soir, les participants aux séances du Grand Conseil des 1er et 2 octobre ont reçu une lettre de la médecin cantonale. Aglaé Tardin leur explique qu’ils ont été possiblement en contact "avec une personne testée positive pour le nouveau coronavirus". Sans dire de qui il s'agit.
Injonctions contradictoires
La médecin cantonale les encourage donc "à limiter dans la mesure du possible" leurs interactions sociales et à observer leur état de santé "pendant les dix prochains jours". Pas de quarantaine, mais une auto-surveillance. Sauf que quelques lignes plus loin, Aglaé Tardin leur recommande "d'éviter au maximum les rassemblements de personnes, les interactions avec des personnes externes au foyer familial, ainsi qu’avec les personnes jugées vulnérables" jusqu'au 12 octobre. C'est-à-dire lundi.
Ces injonctions contradictoires interpellent de nombreux députés contactés dimanche matin. Tout comme le timing de cette communication. "Toute la semaine, nous avons eu des réunions, des commissions, nous avons croisé beaucoup de gens, relève le chef de groupe du PLR, Yvan Zweifel. Nous avions pensé au départ que cette communication faisait référence au président du Conseil d’Etat, Antonio Hodgers, qui a lui-même été testé positif (le samedi 3 octobre, ndlr). Mais non, ce ne serait pas lui. Et pour lui, par contre, que nous avons croisé le jeudi 1er octobre au Grand Conseil, nous n’avons jamais reçu de lettre. Donc, vraiment, la gestion ici nous paraît extrêmement difficile à comprendre."
Test tardif
Plusieurs députés se sont émus de cette missive. Ils ont immédiatement demandé des explications complémentaires à la médecin cantonale. Ce qu’elle a fait dès samedi soir. Ainsi, elle précise que la personne infectée a eu des symptômes bien avant qu'elle ne se fasse tester, c’est-à-dire dans les 48 heures qui ont suivi les séances du Grand Conseil. Or, cette personne, qui est un(e) député(e) selon les informations de la RTS, a attendu le vendredi 9 octobre pour passer des tests.
Cela explique pourquoi la communication d'Aglaé Tardin n'a pu être réalisée plus tôt. Ce que confirme dimanche matin Laurent Paoliello. Le porte-parole du département cantonal de la santé (DSES) parle, lui, d’une réactivité très efficace de la médecin cantonale, dans la mesure où la lettre a été envoyée aux élus et aux services du Grand Conseil dès le résultat du test connu.
Reste maintenant à savoir si les députés pourront siéger lundi dans leurs diverses commissions, soit le dernier jour d’auto-surveillance recommandé. Et surtout, comment cet élu a attrapé le virus (l’a-t-il contracté au Parlement ?), quelles interactions a-t-il eues entre le 1er et le 9 octobre et pourquoi a-t-il attendu si longtemps avant de se faire tester?
Raphaël Leroy