La dernière semaine, près d'un millier de personnes ont été testées positives dans le seul canton de Genève, et quatre personnes sont décédées. En outre, plus de 70 personnes sont hospitalisées aux HUG, dont une dizaine aux soins intensifs ou intermédiaires, en raison du Covid-19.
En réaction, le Conseil d'Etat a décidé d'interdire les rassemblements spontanés de plus de quinze personnes dans l'espace public, soit sur les places publiques ou encore les parcs. Il rappelle également que lors de rassemblements en dessous de cette limite, la distance d'1m50 doit être respectée.
Pour les manifestations publiques de plus de quinze personnes, un organisateur attitré devra être désigné, et devra élaborer et veiller au respect d'un plan de protection.
Masque obligatoire dans tous les établissements publics
Pour les manifestations de plus de quinze personnes mais de moins de cent personnes, l'organisateur devra garantir le respect des mesures de préventions usuelles ainsi que le port du masque pendant toute la durée de l'événement. Toute consommation de nourriture ou boisson est interdite en dehors de places assises non interchangeables.
L'organisateur est toujours tenu de collecter l'identité et un moyen de contact fiable de chaque personne présente, et tenir cette liste à disposition des autorités sanitaires pendant 14 jours. Les manifestations privées qui réunissent plus de cent personnes sont quant à elles interdites.
Par ailleurs, l'obligation de porter un masque est étendue à tous les établissements et installations accessibles au public, sans exceptions. Le communiqué précise que le masque doit couvrir à la fois le nez et la bouche. Les enfants de moins de 12 ans et les personnes qui ne peuvent pas porter de masque pour des raisons particulières, notamment médicales ou liées au handicap, restent exemptées de l'obligation.
Difficulté de suivre le traçage des contacts
Enfin, le Département de l'instruction publique (DIP) a décidé d'annuler tous les camps scolaires et voyages d'études de plus d'une journée dès la 9e année. Ces activités restent autorisées pour les classes du primaire et de l'enseignement spécialisé, à condition de suivre le plan de protection spécifique aux camps, qui comprend notamment la participation d'un maximum de deux classes.
Les sorties pédagogiques d'une journée sont maintenues et encouragées, dans le respect des plans de protection définis.
Dans son communiqué, l'exécutif genevois précise que ces nouvelles mesures répondent aux inquiétudes des responsables des HUG, ainsi que de la médecin cantonale Aglaé Tardin, qui a exposé les difficultés de maintenir la stratégie de traçage des contacts en raison de l'explosion des cas.
Interrogé mercredi soir dans Forum, le conseiller d'Etat Mauro Poggia confirme qu'il ne s'agit pas que d'anticipation, car la situation est déjà grave. "Actuellement, 10% des personnes hospitalisées le sont aux soins intensifs. Si l'on ne fait rien, la prochaine étape, ça sera à nouveau des personnes qui décèdent comme on l'a connu ce printemps", annonce-t-il.
>> L'interview de Mauro Poggia dans Forum:
Interrogé sur l'impact de ces mesures sur les fêtes de fin d'année, il estime que ces dernières ne sont pas mises en danger. "Il n'y a pas tant de fêtes de famille que ça qui dépassent 15 personnes", juge-t-il, "et si c'est le cas, il faudra tout simplement prendre des précautions".
Pas de descente de police chez les privés
La police pourra-t-elle ainsi faire irruption chez les gens lors de fête privées pour vérifier le respect des mesures ? Non, tempère Mauro Poggia, mais des éventuelles sanctions pourront être prises retrospectivement. "Si on constate qu'un foyer s'est créé lors d'un anniversaire où il y avait passablement de personnes, par exemple, nous demanderons quel était le plan de protection, et le cas échéant des sanctions seront prises", détaille-t-il.
"Nous avons fondé l'ensemble des mesures sur la responsabilité individuelle, et nous le maintenons", poursuit encore le ministre, mais ça ne veut pas dire que l'Etat fermera les yeux: "Un policier ne pourra pas intervenir uniquement pour contrôler le respect des mesures sanitaires. En revanche, s'il intervient lors d'une fête pour tapage, par exemple, et qu'il constate des manquements aux protocoles de protection, des suites pénales sont possibles".
Les mesures entrent en vigueur immédiatement, soit dès mercredi soir, mais les autorités ont annoncé qu'elles appliqueront une tolérance pour les événements déjà planifiés jusqu'à dimanche.
jop