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Inquiétude autour de la ligne Genève-New York de Swiss, toujours suspendue

Un Airbus A330-300 de Swiss à l'aéroport de Genève. [CC-BY-SA 2.0 - Markus Eigenheer]
Inquiétudes sur l'avenir de la liaison Cointrin-New York, toujours suspendue / La Matinale / 1 min. / le 20 octobre 2020
Suspendue en mars pour cause de pandémie, la ligne Genève-New York de Swiss ne sera pas rétablie cet hiver. Certains élus genevois s'inquiètent pour l'avenir de cette liaison à la valeur très symbolique pour leur canton.

Compte tenu de la situation sanitaire qui reste peu favorable aux voyages, la ligne directe qui relie tous les jours le tarmac genevois à l'aéroport international John-F.-Kennedy de New York restera suspendue durant l'horaire d'hiver, qui court de fin octobre à fin mars.

La décision de Swiss n'est pas passée inaperçue au bout du lac, car cette liaison, qui relie le siège mondial de l'ONU à New York à son siège européen du Palais des Nations, a une valeur très symbolique pour la Genève internationale. Elle est aussi la dernière ligne long courrier que Swissair, lors de son départ soudain de Genève en 1996, avait conservée au départ de Cointrin (lire encadré).

"Peur que Swiss laisse tomber cette ligne"

Son redémarrage attendra donc, ce qui a fait réagir plusieurs élus genevois, d’autant que la Confédération est venue en aide à la compagnie. Le conseiller national PDC Vincent Maitre n'exclut pas d'intervenir à Berne à ce sujet. Le député Bertrand Buchs, son collègue de parti, a lui déjà déposé un texte au Grand Conseil genevois. Il interpelle le Conseil d'Etat dans une question écrite déposée lundi.

"Certaines lignes ont été réintroduites dans l'horaire d'hiver, notamment à partir de Zurich, mais on ne réintroduit pas la ligne de Genève à New York. Pour moi, c'est un très mauvais signe. C'est une ligne symbolique. J'ai peur que Swiss laisse tomber complètement cette destination à partir de Genève", s'est inquiété Bertrand Buchs dans La Matinale de la RTS mardi.

Abandon pas d'actualité selon Swiss

"Ce type de décision est très préoccupant, notamment par sa portée symbolique pour Genève", admet de son côté le conseiller d'Etat PDC Serge Dal Busco, ministre en charge de l'aéroport. Cependant, "au vu du contexte sanitaire et économique et de la situation totalement inédite que vivent les aéroports, il faut considérer qu'il s'agit d'une décision temporaire", tempère-t-il, rappelant que les activités en matière de conférences et congrès ont drastiquement diminué.

Swiss précise pour sa part qu'un abandon de la ligne Genève-New York n'est pas d'actualité. Quant à un redémarrage, la compagnie explique qu’aucune décision au-delà de l’horaire d’hiver n’a encore été prise. Elle "continue à analyser en permanence l’évolution de la situation".

En raison de la crise, il n’y a actuellement aucun vol direct de Cointrin vers New York et même vers les USA, la compagnie américaine United ayant également suspendu ses liaisons vers New York (Newark) et Washington jusqu'à nouvel avis.

Guillaume Rey/vic

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Le dernier vestige de l'ère Swissair à Cointrin

Une onde de choc s'abat sur la Suisse romande le 4 avril 1996 lorsque Swissair, alors compagnie nationale avant sa faillite de 2001, annonce qu'elle va retirer de Genève tous ses vols long courrier. Priorité absolue est donnée à l'aéroport de Zurich-Kloten, à partir duquel toutes les destinations intercontinentales seront concentrées.

Jusqu'ici porte d'embarquement des vols de la compagnie à croix blanche vers l'Afrique et en partie de ceux vers l'Amérique, Genève se voit du jour au lendemain, aux yeux d'une grande partie de la classe politique romande, relégué au rang d'aéroport de seconde zone, ses passagers forcés de transiter par Zurich s'ils veulent continuer de voler avec Swissair. Une seule liaison échappe au couperet: celle qui relie Genève à New York, en partie en raison de son importance pour la Genève internationale et pour l'ONU.

Ce vol devait inaugurer la nouvelle aile

Inquiète pour son avenir, la plateforme aéroportuaire genevoise cherche des solutions pour compenser le départ de Swissair, qui maintient tout de même à Genève une grande partie de ses vols européens. Un an plus tard, une tentative de lancer une compagnie aérienne concurrente basée à Genève, Swiss World Airways, tourne court, cette dernière faisant faillite l'année suivante.

C'est finalement la compagnie low cost EasyJet qui profite des capacités laissées libres à Genève pour s'y déployer largement dès 1999. En trois ans, elle ravit à Swiss le premier rang en termes de parts de marché sur le tarmac genevois. Les années qui suivent voient l'aéroport gagner quelques destinations long courrier supplémentaires desservies par des compagnies étrangères, ce qui motive la construction d'une nouvelle aile dédiée à l'embarquement des gros porteurs. Reporté à l'an prochain en raison de la crise sanitaire, le bâtiment devait être inauguré en novembre 2020 par... un vol de Swiss à destination de New York.

Vincent Cherpillod