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Le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet démissionne mais se représente

Pierre Maudet a annoncé sa démission. Le conseiller d'État genevois sera par ailleurs candidat à sa propre succession
Pierre Maudet a annoncé sa démission. Le conseiller d'État genevois sera par ailleurs candidat à sa propre succession / 19h30 / 1 min. / le 29 octobre 2020
Le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet a annoncé jeudi "remettre" son mandat suite à la décision du gouvernement de lui retirer son département. Rejetant les critiques, il entend se présenter à sa propre succession et s'en remettre au verdict des électeurs.

S'exprimant sur la chaîne régionale Léman Bleu, le magistrat a indiqué qu'il restera en poste jusqu'à la tenue de l'élection, qui pourrait intervenir d'ici mars 2021. Il présentera formellement sa démission en début de semaine prochaine.

"Je dérange, on me met de côté. Je continue de déranger parce que je suis actif, on me dépouille. Le seul qui peut décider de retirer le mandat d'un conseiller d'Etat, c'est le peuple", a lancé Pierre Maudet pour expliquer sa décision de ne pas saisir les tribunaux pour contester la décision, mais de s'en remettre au verdict des urnes. "Ce n'est pas possible d'exclure un collègue sur une simple décision administrative", a-t-il ajouté.

En vue de l'élection complémentaire, Pierre Maudet a indiqué qu'il n'entendait pas créer de nouveau parti et sera candidat indépendant. Exclu du PLR et semble-t-il esseulé, l'édile a toutefois dit dans Forum ressentir un soutien "plutôt dans la société civile et très fortement dans les milieux économiques", pour justifier ce passage aux urnes.

>> Voir l'interview de Pierre Maudet dans Forum :

Le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet réagit à sa suspension: son interview
Le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet réagit à sa suspension: son interview / Forum / 8 min. / le 29 octobre 2020

"Un rapport inacceptable"

Le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet a perdu provisoirement son Département du développement économique (DDE). En cause: un rapport intermédiaire le mettant en cause dans des problèmes organisationnels, managériaux et relationnels.

Pour Pierre Maudet, ce rapport est "inacceptable". "J'accepte les critiques, mais dans les règles de l'art. Avec le droit d'être entendu. Finir un rapport, vérifier les assertions et faire appel à des institutions indépendantes comme la cour des comptes", a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse.

Le magistrat a admis que les collaborateurs sous ses ordres ont pu être mis sous pression ces derniers temps, notamment avec la crise sanitaire. "Je suis exigeant" et "cette intensité de travail, je l'ai voulue, j'ai demandé de l'agilité". Des hauts fonctionnaires ont été sortis de "leur zone de confort".

Mais cet épisode s'inscrit dans "le contexte d'une succession d'humiliations que j'ai subie depuis deux ans". Il a déploré avoir "été brutalement mis de côté", dépouillé. Selon le magistrat, ce rapport intermédiaire a tout l'aspect "d'un coup monté".

"Fatigué des numéros de moralistes"

Dans Forum, Pierre Maudet s'est par ailleurs dit "fatigué des numéros de moralistes" de ses collègues du Conseil d'Etat.

"Le Conseil d'Etat prend acte de cette annonce qui aura le mérite de clarifier les choses", a déclaré la présidente de l'exécutif Anne Emery-Torracinta. "On attend la date effective de sa démission", a-t-elle ajouté.

>>Voir aussi l'interview de Pierre Maudet dans le 19h30

Pierre Maudet: "J'ai le sentiment d'être un homme isolé dans un microcosme politique. À la fin, seul le peuple peut décider"
Pierre Maudet: "J'ai le sentiment d'être un homme isolé dans un microcosme politique. À la fin, seul le peuple peut décider" / 19h30 / 3 min. / le 29 octobre 2020

cab/jfe

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Les partis se tâtent en vue de l'élection

La plupart des députés au Grand Conseil genevois considèrent que Pierre Maudet aurait dû démissionner plus tôt. Le PLR, ancien parti du magistrat, entend présenter un candidat à l'élection complémentaire du Conseil d'Etat.

"Il aurait dû faire ça il y a deux ans", a déclaré jeudi le PLR Serge Hiltpold, avant le début de la session parlementaire. "On l'aurait peut-être alors soutenu", a complété Céline Zuber-Roy, également membre du PLR.

Le PDC intéressé

Si le PLR va présenter un candidat à l'élection complémentaire, le PDC Sébastien Desfayes estime que le siège ne revient pas à son parti. "C'est presque un coup de théâtre. Cette décision est bienvenue, elle va permettre au peuple de s'exprimer après des mois d'atermoiements", analyse-t-il.

"C'est la fin d'un mélodrame. Les députés sentaient bien les tensions au sein de l'exécutif", explique l'UDC Cristo Ivanov. Tout en relevant que Pierre Maudet est présumé innocent et élu par le peuple, le député espère pour le canton une "forme de pacification" dans un contexte difficile. Pour la députée MCG Ana Roch, l'élection complémentaire permettra d'avoir une situation plus claire.

Eventuelles candidatures à gauche

Selon le socialiste Sylvain Thévoz, il est encore trop tôt pour dire si le PS présentera un candidat. Mais dans un communiqué de presse, le PS genevois plaide pour une gauche "unie" afin de renverser la majorité de droite.

Chez les Verts aussi, une assemblée décidera s'il y a lieu de lancer une candidature. "Nous restons motivés", a précisé la députée Marjorie de Chastonay.

Quant à savoir si l'extrême gauche présentera un candidat, la question devra être tranchée par une assemblée générale, prévient Jean Burgermeister, d'Ensemble à Gauche.

>> Voir le sujet du 19h30 :

Le monde politique réagit à la démission de Pierre Maudet. Pour les députés du Grand Conseil, c'est le soulagement qui prédomine
Le monde politique réagit à la démission de Pierre Maudet. Pour les députés du Grand Conseil, c'est le soulagement qui prédomine / 19h30 / 1 min. / le 29 octobre 2020