Modifié

La grogne prend de l'ampleur à Genève contre la fermeture des commerces

À Genève, plus de 600 personnes ont manifesté ce samedi contre les mesures sanitaires du gouvernement.
À Genève, plus de 600 personnes ont manifesté ce samedi contre les mesures sanitaires du gouvernement. / 19h30 / 1 min. / le 14 novembre 2020
Prise de position du Grand Conseil et marche silencieuse en ville, le soutien aux commerçants genevois contraints de fermer en raison du Covid-19 prend de l'ampleur. Le Conseil d'Etat assure qu'il rouvrira dès que ce sera possible.

Malgré les injonctions policières, une cinquantaine de personnes ont lancé samedi une manifestation non autorisée au travers de plusieurs rues pour soutenir les commerces obligés de fermer. Elles ont été rejointes pendant la marche par beaucoup d'autres curieux. Elles étaient ensuite "entre 600 et 700", selon la police genevoise.

Cette marche a affecté le trafic routier au centre-ville, mais aucun incident n'a eu lieu. La police a mené des contrôles d'identité pour établir des contraventions et trouver aussi qui a pu organiser ce rassemblement, notamment auprès de groupes résiduels en fin d'après-midi. Au total, deux personnes ont été interpellées.

Selon la police, les meneurs seront par ailleurs identifiés et amendés. Certains ont aussi regretté que, dans le cortège, les règles sanitaires aient été très aléatoirement respectées.

Prise de position au Grand Conseil

La fermeture des commerces avait déjà fait des vagues vendredi. Des députés ont contesté ces fermetures, décidées au début du mois par le Conseil d'Etat. La commission législative du Grand Conseil a pris position vendredi soir et sa majorité réclame un retour en arrière du gouvernement genevois

Dans cette prise de position, il est réclamé la levée de l’obligation de fermeture des commerces genevois "dans les plus brefs délais", avec des plans de protection adéquats. La même demande est formulée pour les activités de coiffeurs, esthéticiens, ou encore tatoueurs. La commission déplore notamment "la concurrence déloyale créée par le manque d’harmonisation des mesures" entre les cantons.

>> Les explications du 12h30 sur la prise de position du Grand Conseil :

Genève annonce l'obligation du port du masque dans les magasins. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
La commission législative du Grand Conseil genevois demande la réouverture des magasins / Le 12h30 / 1 min. / le 14 novembre 2020

A Genève, plusieurs faîtières professionnelles et partis ont déjà milité ouvertement pour un tel retour en arrière. Cette prise de position vient donc s'ajouter à ces revendications, mais sa portée est très symbolique, comme l'admet dans le 12h30 le député PDC Jean-Marc Guinchard, président de cette commission.

"C'est uniquement un moyen de mettre la pression. Le Conseil d'Etat en prendra acte et en tiendra compte ou pas. Ce que j'espérerais, c'est que si la stabilisation de la hausse des cas, voire une baisse des cas, apparaît au début de la semaine prochaine, on arrive à une réouverture des commerces."

>> Revoir le reportage du 19h30 qui revient sur les disparités cantonales par rapport aux commerces :

Les clients genevois n'hésitent pas à faire leurs achats dans le canton de Vaud pour contourner les mesures sanitaires
Les clients genevois n'hésitent pas à faire leurs achats dans le canton de Vaud pour contourner les mesures sanitaires / 19h30 / 2 min. / le 14 novembre 2020

"Dès que nous le pourrons", ajoute Mauro Poggia

Députés et manifestants attendent désormais une nouvelle décision du Conseil d'Etat. Mercredi, il a refusé de suivre ces appels à la réouverture, soulignant que le situation sanitaire ne le permettait pas. Mais il a promis de se prononcer chaque semaine sur des possibilités d'assouplissements.

Dimanche dans Forum, le ministre de la Santé Mauro Poggia a souligné que la tendance n'était pas à la baisse dans le canton, une baisse obligatoire pour autoriser une réouverture, même si on l'espère durant ces prochains jours.

"Le Conseil d'Etat suit au jour le jour la situation et dès que nous pourrons donner un signe favorable à notre économie, nous le ferons, nous l'espérons prochainement, sous réserve de décisions qui seraient prises au niveau national", a ajouté le conseiller d'Etat, assurant qu'aucune décision n'était prise à la légère.

>> L'interview de Mauro Poggia dans Forum :

Manifestation et incompréhension de la part des commerces genevois: interview de Mauro Poggia
Manifestation et incompréhension de la part des commerces genevois: interview de Mauro Poggia / Forum / 4 min. / le 15 novembre 2020

Nathalie Fontanet favorable à une réouverture rapide

Invitée du 19h30 samedi, la ministre des Finances Nathalie Fontanet a de son côté estimé qu'il était important de permettre aux commerces de rouvrir "dès que possible". Pour l'élue, un arrêt trop long pourrait avoir de lourdes répercussions dans le temps.

"En ce qui me concerne, je suis favorable à ce que nous puissions ouvrir les commerces dès que possible, à condition d'avoir des plans de protection qui permettront de s'assurer que la contagion ne se fera pas (...) je pense que la fermeture de ces commerces a aussi des conséquences à long terme au niveau sanitaire: on enlève l'outil de travail de nombreuses personnes. Certaines ne se relèveront peut-être pas de cet arrêt, malgré les aides octroyées. On va donc se retrouver avec des répercussions sanitaires importantes dans quelques mois."

Mais cette prise de position n'irait-elle pas à l'encontre des propos de Mauro Poggia? Nathalie Fontanet précise: "Au Conseil d'Etat, on a cette discussion chaque semaine. Nous devons réévaluer cela à chaque fois (...) Aujourd'hui, il semble y avoir un léger mieux en termes de nouveaux cas mais les hôpitaux sont toujours en surcapacité. J'espère toutefois pouvoir répondre très bientôt positivement à la demande des commerçants avec mes collègues du Conseil d'Etat."

>> Revoir l'interview intégrale de Nathalie Fontanet dans le 19h30 :

Nathalie Fontanet: "je suis favorable à une ouverture des commerces au plus vite".
Nathalie Fontanet: "je suis favorable à une ouverture des commerces au plus vite". / 19h30 / 3 min. / le 14 novembre 2020

boi/ther avec ats

Publié Modifié

Les autorités ferment 14 établissements

Quatorze établissements publics genevois ont été fermés par les autorités depuis début novembre. Leurs responsables ont violé le semi-reconfinement face au Covid dans le canton.

Les quatorze établissements n'avaient pas le droit d'être ouverts, a affirmé dimanche le porte-parole du Département de la sécurité, de l'emploi et de la santé (DSES) Laurent Paoliello. De restaurants à des salons de massage en passant par des magasins, ils ont été fermés par la police au terme de plus de 800 contrôles menées par celle-ci. Près d'une centaine d'amendes ont été prononcées.

A ces données s'ajoutent celles de l'Office cantonal de l'inspection du travail (OCIRT), actualisées chaque mercredi. Jusqu'au milieu de cette semaine, ses représentants ont lancé 1983 contrôles.

Près de 580 infractions ont par ailleurs été observées. De problèmes de port du masque généralisés au gel hydroalcoolique mal positionné ou au dépassement des cinq personnes maximales autorisées, avec parfois des fermetures provisoires pour mettre le dispositif en conformité.