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Le canton de Genève ne compense pas assez les arbres qu'il fait abattre

Genève: le canton ne compense pas assez les arbres qu'il fait abattre [Keystone - Martial Trezzini]
Le canton de Genève ne compense pas assez les arbres qu'il fait abattre / Le 12h30 / 1 min. / le 19 novembre 2020
A Genève, la Cour des comptes s'est penchée sur les autorisations d’abattage d’arbres. Selon ses conclusions, le canton ne compense pas assez les arbres abattus et ne dispose pas d'outils de suivi simples et fiables.

La question de l'abattage des arbres est sensible au bout du lac. Elle a fait naître un important mouvement citoyen. En septembre 2019, la Cour des comptes a été interpellée par plusieurs personnes à propos de la gestion et de la protection du patrimoine arboricole du canton.

Selon elles, le nombre d'abattages serait en nette augmentation depuis plusieurs années, notamment par le biais de constructions en milieu urbain. L’organe d’audit de l’Etat de Genève a donc procédé à un examen ciblé qui éclaire d'un nouveau jour le débat actuel.

Chiffres fiables

Ses principales conclusions sont de trois ordres. D'une part, la Cour des comptes constate que les demandes d'abattage sont en hausse depuis six ans, en raison à la fois de facteurs environnementaux, comme la pollution, et humains (densification). En Ville de Genève, l’augmentation n’est cependant pas significative, passant de 286 autorisations d’abattage en 2014 à 309 en 2018.

Les chiffres récoltés, souvent décriés par les mouvements pro-arbres, sont fiables, assure l'organe d'audit qui les a vérifiés. Les statistiques les plus récentes de février 2020 sous-estiment toutefois le nombre d’arbres autorisés à l’abattage, "car une partie des autorisations liées à des autorisations de construire n’étaient pas encore en force au moment du calcul".

Compensation insuffisante

D'autre part, les replantations s'avèrent insuffisantes, tant quantitativement que qualitativement, aux yeux de la Cour. Les arbres abattus ne sont pas tous compensés. Ce qui empêche un accroissement de la surface ombragée du canton, écrit l'institution.

Aussi, "les arbres replantés ne fournissent pas la même quantité de services que ceux qui sont abattus et ne bénéficient pas toujours de conditions optimales permettant d’atteindre une taille suffisante", observe la Cour des comptes.

Outils de suivi

Enfin, l'Etat de Genève ne dispose pas d'outils de suivi fiables et simples à mettre en oeuvre, explique l’organe d’audit. "Cette lacune entretient un climat de défiance à l’origine des communications reçues par la Cour."

Elle émet donc quatre recommandations "visant à faciliter l’atteinte de l’objectif d’accroissement de la surface ombragée du canton de 21% à 30%". Parmi elles, "renforcer les incitations à la conservation d’arbres existants dans la mesure où ces derniers peuvent continuer à fournir davantage de services que des jeunes plants". Ou encore: "Accroître la quantité et la qualité des plantations compensatoires."

L’Etat accepte les recommandations

Le Département genevois du territoire, dirigé par le Vert Antonio Hodgers, a accepté toutes les recommandations de la Cour des comptes. Il rappelle qu'il a déjà entrepris un certain nombre d'initiatives visant à une plus grande transparence en la matière.

Il tient à préciser aussi que les arbres abattus pour cause de construction sont compensés à près de 90%.

Raphaël Leroy

>> Les explications de François Paychère, président de la Cour des comptes genevoise, dans le 12h45 :

François Paychère, président la Cour des comptes genevoise sur la question de l'abattage des arbres
François Paychère, président la Cour des comptes genevoise sur la question de l'abattage des arbres / 12h45 / 2 min. / le 19 novembre 2020
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