Modifié

Un locataire grugé dans l'affaire des baux fictifs a reçu plus de 150'000 francs

Vue sur la plage des Eaux-Vives à Genève. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Un locataire grugé dans l'affaire des baux fictifs indemnisé 150'000 francs / La Matinale / 1 min. / le 7 décembre 2020
L’ancien député MCG Ronald Zacharias et son associé dans l’immobilier sont prévenus de faux dans les titres et d’escroquerie pour avoir falsifié des baux. Ils ont proposé un gros montant à un locataire trompé contre un retrait de plainte pénale, a appris la RTS.

Dans cette affaire qui fait scandale depuis une semaine à Genève, le premier procureur Yves Bertossa a ouvert une instruction pénale en janvier 2020. Mais comment son enquête pénale a-t-elle démarré?

Selon plusieurs sources, tout est parti d’un locataire d’un immeuble appartenant à Ronald Zacharias et à son associé.

>> Lire aussi : Cinq régies genevoises éclaboussées par le scandale des baux fictifs

En fin d’année passée, ce locataire souhaite résilier son bail, mais un différend éclate avec le bailleur sur la date de sortie. Il décide alors de contacter l’Asloca. Un choix qui va s’avérer judicieux. A l'Association de défense des locataires, un avocat épluche son dossier, constate que son loyer est très élevé et se dit qu’il y a peut-être une histoire de bail fictif dans cette affaire.

L’avocat demande différents documents à la régie et finit par comprendre que le locataire a probablement été grugé sur le loyer versé par le locataire précédent. Une plainte pénale est alors déposée. Elle est à l’origine de l’enquête en cours.

Indemnisation contre retrait de plainte

En étudiant les milliers de relevés de loyers en notre possession, nous avons réussi à faire la lumière sur ce cas. Pendant plus de six ans, le locataire dupé payait 3350 francs de loyer pour un 6 pièces.

Il ne le savait pas, mais le locataire qui occupait le logement avant lui ne déboursait que 2140 francs de loyer par mois, soit 1210 francs de moins!

Lorsque la plainte a été déposée, les deux propriétaires ont approché ce locataire pour lui proposer un marché: une indemnisation contre un retrait de plainte. Une proposition acceptée. De source recoupée, Ronald Zacharias et son associé ont alors versé plus de 150'000 francs au locataire lésé.

La plainte a été retirée, mais l’instruction pénale ne s’est pas arrêtée pour autant. La raison: l'escroquerie et le faux dans les titres sont poursuivis d’office.

Fabiano Citroni/asch

Publié Modifié