Modifié

Dégoudronner les centres villes, une "urgence de santé publique"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Alfonso Gomez, conseiller municipal Vert de la ville de Genève
L'invité de La Matinale (vidéo) - Alfonso Gomez, conseiller municipal Vert de la ville de Genève / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 10 min. / le 18 décembre 2020
De plus en plus, la place de la voiture en ville est remise en question, notamment face aux enjeux climatiques. Mais pour le Conseiller administratif écologiste genevois Alfonso Gomez, il en va également de la qualité de vie et de la santé publique.

Représentant de la fameuse "vague verte", le nouveau membre de l'exécutif de la Ville de Genève Alfonso Gomez se profile comme "l'homme qui veut dégoudronner Genève". Mais les résistances sont féroces dans la ville du bout du lac.

>> Lire aussi : La transition écologique au cœur de la nouvelle législature en Ville de Genève

Pourtant, selon l'écologiste, il y a désormais urgence dans les grands centres urbains. "Il est nécessaire de dégoudronner pour redonner de l'espace à la biodiversité, c'est une question de santé publique", justifie-t-il, car aujourd'hui "c'est dans les villes que l'on souffre le plus des pics de chaleur et de pollution, et c'est également dans les villes que se concentre la majeure partie de la population". C'est donc là qu'il faut agir en priorité.

>> Lire également : Pourquoi les villes doivent planter des arbres, mais de manière intelligente

Le parking de Rive, la mère des batailles

Symbole de l'oxygène qu'Alfonso Gomez souhaite insuffler à sa ville, le grand projet de parking de Clé-de-Rive, à proximité des rues marchandes, échauffe les esprits. Ce projet prévoit la suppression de 500 places de stationnement en surface, qui seraient compensées en sous-sol, et la création d'une nouvelle zone piétonne.

Pour l'élu écologiste, ce projet est à "contre-temps". "C'est le fruit d'un compromis qui date d'il y a 15-20 ans", explique-t-il. Le problème, c'est que ça va attirer encore plus de voitures au centre-ville.

Or, aujourd'hui, Genève est un pôle économique, un pôle d'emploi pour le grand bassin régional, ce qui amène déjà beaucoup de monde depuis la périphérie. Ainsi, vouloir toujours privilégier la voiture, "c'est paradoxal, car ça crée des bouchons". "Aujourd'hui, il faut supprimer des places en surface sans les compenser en sous-sol", plaide-t-il.

Favoriser les transports publics

Pour autant, Alfonso Gomez se dit conscient des réalités, et ne s'oppose pas à tout parking. "Aujourd'hui, on en construit, des parkings, notamment dans les gares du CEVA". L'objectif, précise-t-il, c'est de les écarter de l'hypercentre, afin d'accompagner la mobilité douce.

"Nous avons à Genève le taux moyen de vitesse des transports publics le plus bas de Suisse", note-t-il. Il faut donc aussi donner de l'espace à ces transports pour circuler plus efficacement. "C'est par ce type de mobilité qu'il faut favoriser l'arrivée des gens depuis l'extérieur des villes".

"Légende urbaine"

Interrogé sur l'impact de ce rejet des voitures des zones commerciales, Alfonso Gomez estime que l'idée selon laquelle la création de zones piétonnes défavoriserait les commerçants est une "légende urbaine".

C'est même l'inverse qui se produit, selon lui, à condition de compenser par d'autres moyens de mobilité. Et "les commerçants commencent à s'en rendre compte", estime-t-il. Pour attirer les gens, il faut avant tout un espace agréable.

Pour lui, les réactions face à la piétonisation et la suppression des places de parking au Quai des Bergues est symptômatique. "Il y a eu dans un premier temps une protestation des faîtières, mais les commerçants sur place, eux, ont défendu cette tendance", rappelle-t-il. Et sur les quais de rive, "une partie des commerçants s'opposent également au projet".

Propos recueillis par David Berger

Texte web: jop

Publié Modifié