Il y a le feu chez les Verts genevois. Jusqu'ici, la campagne de sa candidate à l'élection complémentaire du Conseil d'Etat s'apparentait à un long fleuve tranquille. Mais depuis lundi, Fabienne Fischer doit affronter des vents contraires.
La faute à des propos qu'elle a tenus lundi lors d'un débat face à Pierre Maudet dans le journal Le Temps. L'écologiste s'est emmêlée les pinceaux sur l'épineuse question de la vaccination. "Je fais partie des personnes hésitantes qui cherchent à être convaincues", répond-elle lorsqu'on cherche à savoir si elle se fera vacciner. Elle poursuit en se demandant si cela a du sens de vacciner les personnes qui ne sont pas à risque, une fois les personnes vulnérables protégées. "Le vaccin n'est pas une baguette magique", défend-elle, avant d'affirmer qu'elle se reposerait la question de sa propre vaccination en cas d'élection.
Critiques sur les réseaux sociaux
Ces propos ont suscité un flot de commentaires négatifs sur les réseaux sociaux. Un véritable "bad buzz" pour la candidate verte. Les tirs sont venus de partout, de la gauche comme de la droite. Ils ont même dépassé les frontières cantonales, puisque le vice-président des jeunes PLR suisses, le Neuchâtelois Nicolas Jutzet, y a été de sa pique.
Les dires de Fabienne Fischer sont traités d'irresponsables en cette période de crise, allant même à l'envers de l'exemplarité et de la solidarité, si chères à la gauche. Le président du Parti socialiste genevois Romain de Sainte Marie, allié aux Verts, rappelle que la position de son parti est claire, à savoir vacciner le plus possible. Certains s'égosillent de voir une prétendante au gouvernement tenir de tels propos alors que, précisément, le Conseil d'Etat genevois ne cesse de recommander la vaccination et de demander davantage de doses.
Réunion de crise
La candidate a immédiatement tenté de reprendre la maîtrise des événements. Selon les informations de la RTS, son équipe de campagne a convoqué lundi, en urgence, une réunion de crise, en présence de la présidente du parti, la conseillère nationale Delphine Klopfenstein-Broggini. Décision a été prise de publier une "clarification" pour éviter que la situation ne dérape. L'écologiste y assure qu'elle se fera vacciner.
Cela n’a toutefois pas calmé les esprits. Désormais, la position de Fabienne Fischer est jugée au mieux illisible, au pire opportuniste et inconséquente. Certains auraient préféré qu'elle assume jusqu'au bout sa position "vaccino-sceptique" que partage une frange des Verts genevois et de la population. Reste à savoir maintenant si cet impair lui sera préjudiciable en terme électoral. Ils sont beaucoup à le penser dans la classe politique genevoise.
Fabienne Fischer "droit dans ses bottes"
Fabienne Fischer estime que cette affaire relève d'un quiproquo et qu'elle a été mal comprise. Elle assure qu'il n'y a aucun rétropédalage de sa part et reste "droit dans ses bottes". "Ma position n'a jamais changé, je ne suis pas une anti-vaccin", avance-t-elle à la RTS. Elle relève toutefois que la question est complexe et émotionnelle. Elle milite notamment pour un suivi scientifique de la vaccination dans la durée. A ses yeux, une attention particulière doit être portée à la protection des données.
L'écologiste conteste payer son inexpérience politique, elle qui n'a siégé qu'une seule fois dans un Parlement communal, il y a dix ans. Elle assume cependant un certain franc-parler. Une sincérité et une intégrité qui peuvent dérouter, selon elle.
Raphaël Leroy