Les écologistes genevois veulent inciter les maîtres d'ouvrage à privilégier des matériaux peu gourmands en gaz à effet de serre pour les futures constructions ou rénovations du canton. Pour ce faire, ils ont déposé mardi au Grand Conseil deux textes parlementaires. L'objectif est d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050.
Les Verts genevois s'attaquent à un gros morceau de la lutte contre le dérèglement climatique. En effet, le secteur résidentiel représente, à lui seul, près du quart de toutes les émissions de CO2 du canton, selon des chiffres officiels datant de 2015. L'ancienneté du parc immobilier en est la source principale en raison des déperditions d’énergie qu’elle provoque. Mais elle n’est pas la seule.
"Le béton, solution de facilité"
Selon les écologistes, un effort devrait être entrepris sur les matériaux utilisés pour les futures constructions. Le béton est le plus fréquemment utilisé. Or, sa fabrication est gourmande en émissions de gaz à effet de serre.
"Le monde de la construction a pris l’habitude de construire en béton, c'est la solution de facilité, explique le député vert David Martin, co-auteur des textes, jeudi dans La Matinale. On sent que cette manière de faire atteint ses limites. Notre demande est d'inscrire dans la loi de façon incitative, voire même sous forme d'exigence, d'utiliser des matériaux plus naturels, recyclés, tels que le bois, tous ces matériaux qui ont une empreinte carbone moindre (béton recyclé, terre crue...)."
Seuils à respecter
Concrètement, les Verts genevois souhaitent que les nouvelles bâtisses minimisent leur empreinte carbone sur l'ensemble de leur cycle de vie. Si besoin, le Conseil d'Etat peut exiger un bilan carbone de chaque projet. Il établit les seuils à respecter.
Des éléments qui laissent perplexe le secrétaire général de la Fédération genevoise des métiers du bâtiment (FMB). Nicolas Rufener craint une explosion de la bureaucratie en lien avec ces nouvelles propositions. S’il concède et regrette que les matériaux alternatifs au béton soient encore peu utilisés, il estime qu’ils ne résolvent pas tous les problèmes.
"La solution proposée est relativement simple et simpliste, déclare-t-il. Elle part d'a priori et de stéréotypes quant à l'impact du béton et aux avantages du bois. Le béton, pour partie, peut être produit avec de l'électricité qui n'est pour la plupart du temps en Suisse pas d'origine carbonique. L'objectif risque de ne pas forcément être atteint en ne visant que la question du carbone."
La motion et le projet de loi seront d’abord renvoyés en commission des travaux, avant de revenir en plénière du Grand Conseil genevois.
Raphaël Leroy/gma