Pierre Maudet n'a pas été amené à s'expliquer devant le tribunal lundi. Son audition doit avoir lieu mardi. Assis sur le banc des accusés juste en face de la présidente du Tribunal, Sabina Mascotto, il est resté discret tout en prenant quelques notes lors des trois auditions qui ont eu lieu. Il a également refusé de s'exprimer à son entrée dans la salle d'audiences comme à sa sortie.
D'autres prévenus se sont retrouvés sur la sellette. Une large partie de cette première journée de procès a notamment été consacrée à l'interrogatoire de l'ancien chef de cabinet du magistrat, Patrick Baud-Lavigne.
L'ex-fonctionnaire, reconverti dans l'immobilier, a pris part à ce fameux voyage à Abu Dhabi, en 2015. "J'ai été invité par Pierre Maudet en tant qu'ami", a expliqué Patrick Baud-Lavigne devant le tribunal. Jamais, dans son esprit, ce séjour n'a revêtu un caractère officiel. "Il s'agissait d'un voyage de vacances privé."
Patrick Baud-Lavigne a admis qu'après ce voyage, ses relations avec Antoine Daher se sont intensifiées. Cet ami de Pierre Maudet, actif dans l'immobilier et les affaires à Genève, est accusé d'avoir participé à l'organisation de l'escapade de quelques jours dans le Golfe.
Un prévenu évasif
Le Ministère public reproche également à Patrick Baud-Lavigne d'avoir aidé à l'organisation d'un sondage devant servir à la campagne électorale du conseiller d'Etat. "J'ai dû dire à Pierre Maudet qu'Antoine Daher était prêt à contribuer au financement de l'opération", a expliqué l'ancien bras droit du magistrat.
Tout comme Patrick Baud-Lavigne, Antoine Daher conteste les accusations portées contre lui. A-t-il organisé le voyage à Abu Dhabi? Non, déclare l'homme d'affaires. "Je n'étais que la courroie de transmission entre Pierre Maudet et Magid Khoury", un entrepreneur également prévenu dans cette affaire.
Evasif, esquivant les questions de la présidente du tribunal Sabina Mascotto, Antoine Daher s'exprime par bribes. Il a bien payé des repas à Patrick Baud-Lavigne et à Pierre Maudet, mais sans aucune arrière-pensée de sa part.
Le bar L'Escobar
Le tribunal a aussi abordé lundi l'affaire du bar L'Escobar, dans lequel Antoine Daher avait investi. L'établissement peinait à obtenir une autorisation d'exploitation. Selon le Ministère public, Patrick Baud-Lavigne a insisté auprès du service genevois du commerce (SCOM) pour que le dossier soit traité en priorité.
Prévenu d'abus d'autorité, l'ancien chef du SCOM a déploré avoir été instrumentalisé dans cette affaire. "J'ai cru que la procédure devait être accélérée pour une raison économique", a déclaré ce père de famille. Ce dernier a déclaré en vouloir aux autres prévenus. "J'ai été élevé dans l'idée d'une politique propre."
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