Dans son réquisitoire, le représentant du Ministère public a demandé à la juge Sabina Mascotto de reconnaître Pierre Maudet coupable d'avoir pris part avec sa famille et son ancien chef de cabinet Patrick Baud-Lavigne, à un voyage à Abou Dhabi, en 2015, organisé par deux de ses amis promoteurs. Et d'avoir fait financer par eux un sondage destiné à sa campagne électorale.
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Stéphane Grodecki a longuement disserté sur ces cadeaux qui servent à mettre de l'huile dans les rouages. Pour un agent public, se faire offrir des cadeaux pour faire son travail est une infraction pénale, a-t-il rappelé. Ces cadeaux posent problème même sans contrepartie.
Limites largement dépassées
La valeur de ce voyage dans le Golfe, qui comprenait notamment des places en loge pour assister au Grand Prix de Formule 1 d'Abu Dhabi, a été estimée à 50'000 francs. Ce montant crève le plafond de ce qui est acceptable, a souligné le procureur. Il a rappelé qu'un agent public pouvait recevoir un cadeau ne dépassant pas 150 francs.
Pour Antoine Daher et Magid Khoury, les deux amis entrepreneurs de Pierre Maudet, le but de ce séjour était d'en mettre plein les yeux, a poursuivi le procureur. Il s'agissait d'entretenir une relation. Après ce séjour, Stéphane Grodecki a compté pas moins de 16 sollicitations de la part des deux hommes, notamment auprès de Patrick Baud-Lavigne.
Avec la même idée derrière la tête, soit de mettre de l'huile dans les rouages et d'avoir des facilités d'accès à l'administration, selon le procureur. Les deux hommes d'affaires ont financé un sondage devant servir à la campagne électorale de Pierre Maudet en 2017.
Puis, cette huile dans les rouages a débordé pour servir à contourner les processus administratifs. Le procureur donne l'exemple de l'ouverture de L'Escobar, un bar dans lequel Antoine Daher avait investi. L'autorisation d'exploitation de l'établissement a été délivrée malgré un dossier incomplet.
Pierre Maudet s'est cru "au-dessus des lois"
Dans son réquisitoire, le premier procureur a souligné la collaboration exécrable de Pierre Maudet à la procédure. Le conseiller d'Etat a "surtout été un sous-marinier", qui a fait en sorte que la lumière n'apparaisse jamais en faisant le ménage et en poussant les autres prévenus à mentir. Il a menti à tout le monde.
Pour Stéphane Grodecki, le conseiller d'Etat s'est cru au-dessus des lois. Pierre Maudet a agi pour ses propres intérêts et a mis en danger la probité de l'agent public.
Stéphane Grodecki a aussi demandé 14 mois de prison avec sursis pour acceptation d'un avantage, violation du secret de fonction et abus d'autorité contre Patrick Baud-Lavigne. Il a requis 8 mois de prison ou 240 jours-amendes avec sursis à l'encontre d'Antoine Daher et 12 mois ou 360 jours-amende avec sursis contre Magid Khoury.
Par ailleurs, Stéphane Grodecki a réclamé que Pierre Maudet verse à l'Etat de Genève 84'000 francs à titre de créance compensatrice. Cette somme représente le coût du voyage à Abu Dhabi et celui du sondage. Pour le procureur, il s'agit de respecter le principe qui veut que le crime ne paie jamais.
ats/cab