Modifié

Une manifestation à Genève pour dénoncer les renvois forcés vers l’Ethiopie

près de 300 personnes se sont réunies à Genève pour dénoncer les renvois forcés vers l'Ethiopie [RTS - Adrien Krause]
A Genève, le renvoi d'un requérant d'asile continue de mobiliser / La Matinale / 1 min. / le 25 février 2021
L’affaire Tahir Tilmo, cet Ethiopien renvoyé par avion spécial le 27 janvier alors qu'il était hospitalisé suite à une grève de la faim, continue de faire polémique. Mercredi quelque 300 personnes étaient réunies à Genève pour dénoncer les expulsions forcées vers ce pays qui connaît un regain de violence.

"Nous attendons du Conseil d’Etat qu’il prenne ses responsabilités!" Réunis sur la promenade de la Treille à Genève, les amis de Tahir, les militants et militantes du droit d'asile ne comprennent pas pourquoi les autorités genevoises se murent dans le silence.

Ni pourquoi Genève n'a pas empêché le vol vers Addis-Abeba du 27 janvier qualifié par les défenseurs du droit d’asile de "vol de la honte."

Amnesty condamne le vol vers l'Ethiopie

Ce vol spécial était l'un des premiers à destination de l'Éthiopie, depuis la signature d’un accord de réadmission entre l’Union européenne et le gouvernement éthiopien en 2018 auquel la Suisse s’est ralliée en 2019. Mais, depuis, un conflit armé a éclaté dans la région du Tigré en novembre 2020.

Amnesty International et l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés ont demandé aux autorités fédérales la suspension immédiate des renvois forcés vers l’Éthiopie, en raison de l'instabilité politique qui prévaut dans ce pays.

Mais le Secrétariat d'Etat aux migrations affirme de son côté "suivre de près la situation actuelle en Ethiopie, en particulier dans l’Etat régional du Tigré. Selon lui, il n’y a actuellement aucune situation de violence généralisée dans le pays".

Plus aucun renvoi forcé

Au-delà de la question de savoir si la situation en Ethiopie permet les expulsions en toute sécurité, l’affaire de Tahir relance la polémique sur ces vols spéciaux.

"Nous avons un devoir d’accueil, on n’a pas le droit de prôner le respect des droits de l’Homme et de ligoter les gens pour les mettre de force dans un avion", estime Juliette Fioretta, membre de "Solidarité Tatte" à l’origine du rassemblement de soutien de mercredi.

"Nous attendons du Canton qu'il prenne position contre ces renvois. En Suisse, on a le droit de renvoyer menottée une femme enceinte de 32 semaines et même un bébé à partir de huit jours", affirme la militante indignée. "Dans le cas de Tahir, ce qui nous met en colère c'est que les policiers sont venus le chercher aux urgences des HUG, c'est honteux et indigne", estime Juliette Fioretta. Tahir a été hospitalisé aux HUG après quatre jours de grève de la faim et de la soif.

Les militantes et militants entendent maintenir la pression, d'autres vols pourraient être affrétés. Fin novembre 2020, 39 ressortissants éthiopiens faisaient l’objet d’une procédure d'asile en cours en Suisse.

Les autorités genevoises rappellent que l'asile ne relève pas des compétences du canton. Genève aurait pu s'opposer au départ de l'avion mais "cette décision peut être lourde de conséquences financières et en terme de crédibilité", souligne le Conseil d'Etat.

Adrien Krause/ Katia Bitsch

Publié Modifié