Cette année, l'arrivée des impôts s'est accompagnée de coups de téléphones suspects pour de nombreux Genevois et Genevoises. Au bout du fil, un homme qui appelle depuis un numéro local se présente comme un fonctionnaire de l'administration fiscale cantonale.
Subtil, l'arnaqueur évoque une supposée fraude fiscale. Il joue sur la peur, menace d'une amende ou encore de couper la subvention AVS. Plus problématique, il parvient à faire croire à sa légitimité.
La victime est priée d'appeler un soi-disant juge pour régler le litige. Un autre numéro, local lui aussi, lui est transmis. Elle tombe ensuite sur un répondeur qui a également une apparence officielle. A terme, l'arnaque est de demander de verser un dépôt pour stopper la procédure.
Au moins 40 tentatives à Genève
Lorsqu'elle a reçu ce coup de fil, Francine Rochat n'est pas tombée dans le panneau, mais elle a douté. "Si vous prenez les choses les unes après les autres, rien n'a de sens. Mais pendant une à deux heures, je me suis prise au jeu. Ensuite, j'ai bien rigolé en me disant qu'on s'était bien fichu de moi".
Le scénario est presque identique pour une dame de plus de 80 ans, qui préfère rester anonyme: elle est menacée d'un contrôle judiciaire en raison d'impôts soi-disant impayés. On lui demande une caution de 26'000 francs et elle s'apprête à se rendre à la banque le jour même avant de se rétracter au dernier moment.
"Ils vous embêtent et vous en avez marre de cette histoire alors vous vous dites, je vais payer et j'aurai la paix, ce qui n'est pas vrai. Je me suis dit, c'est trop tard, j'irai demain matin. Au final, j'ai repris le bus, je suis rentrée chez moi et c'est le lendemain que je me suis rendue à la police."
Si ces deux victimes ont pu détecter l'arnaque à temps, ce n'est pas le cas de tout le monde. La police genevoise a déjà identifié au moins 40 tentatives, dont 3 cas avérés, pour un montant total de 70'000 francs.
Des escroqueries de plus en plus professionnelles
Pour Patrick Ghion, chef de la section forensique de la police genevoise, on assiste surtout à une professionnalisation des méthodes: "Il y a encore quelque temps, on recevait des e-mails qui étaient mal écrits, avec beaucoup de fautes d'orthographe et des mauvais graphiques. Aujourd'hui, les cyber-escroqueries sont de plus en plus professionnelles. On pense également que les réseaux criminels qui sont derrière se professionnalisent eux aussi."
Afin de répondre à cette menace grandissante, la police genevoise s'apprête à rassembler son personnel compétent en une seule brigade. Elle devrait être à la pointe du progrès en terme de traque des arnaques et de la cybercriminalité.
Joël Boissard/ther