"Non, mais vous pouvez vous déshabiller", s'est entendu répondre une stagiaire qui demandait à son chef si elle pouvait revêtir une tenue chirurgicale pour assister à une opération. C'est l'un des cas mis en lumière par cette enquête, soutenue par les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et la Faculté de médecine de l'Université de Genève (UNIGE).
Révélée lundi, l'enquête a recueilli 36 témoignages de harcèlement sexuel par des victimes ou des témoins, récoltés par Camille Bleeker et Lara Chavaz, toutes deux étudiantes en médecine en 5ème année à l'Université de Genève. Le résultat a été obtenu à l'issue d'un sondage effectué en novembre dernier auprès de leurs camarades universitaires, de la 2ème à la 6ème année. Bien que la très grande majorité des victimes soient des femmes, les hommes ne sont pas épargnés, précisent les auteures de l'enquête.
Ne pas garder le silence
Autre enseignement de cette enquête: le comportement des témoins d'actes déplacés. "Plus de 60% d'entre eux restaient silencieux, et un tiers banalisaient ces actes", indique Camille Bleeker. "C'est ce qui nous a paru le plus important, à savoir que nous devons tous être acteurs et actrices de ce changement de culture et ne pas rester silencieux quand l'un de nos collègues a des gestes, des comportements ou des paroles déplacés".
En parallèle à la diffusion de cette enquête, une campagne de sensibilisation via des affiches a été lancée mardi au sein des HUG et de la faculté de médecine de l'UNIGE, mais également sur les réseaux sociaux.
Le projet met en avant de tels témoignages et le ressenti des victimes sur des affiches à destination de l'ensemble du personnel des deux institutions. "Par ces affiches, nous voulons briser le silence et inciter les personnes témoins à intervenir pour soutenir les victimes, de même que rappeler l'impact que peuvent avoir des propos et des actes dont la gravité est encore trop souvent minimisée", expliquent Camille Bleeker et Lara Chavaz dans un communiqué.
Hotline et réponse institutionnelle
La campagne de sensibilisation permet également de parler du nouveau projet de l'Association des étudiant-es en médecine de Genève (AEMG), CLASH Genève. CLASH, pour Collectif de lutte contre les attitudes sexistes en milieu hospitalier, fait suite aux actions menées dans les universités de Lausanne et de Fribourg et offre aux étudiantes et étudiantes en médecine une hotline téléphonique pour les victimes de harcèlement.
>> Lire aussi : "Il a pris ma main et l'a collée sur le pénis du patient"
"Au vu des résultats de l'enquête, nous avons décidé d'agir sur plusieurs fronts", explique de son côté Mathieu Nendaz, professeur et vice-doyen de la Faculté de médecine de l'UNIGE en charge de l'enseignement pré-gradué, cité dans le communiqué. "Nous avons ainsi interpellé les médecins-cadres des services hospitaliers où nos étudiantes et étudiants effectuent leurs stages afin qu'une plus grande vigilance s'opère au quotidien." Sylvia de Meyer, responsable du programme égalité et diversité des HUG, ajoute: "Notre direction a également envoyé un courrier aux médecins-cadres et responsables de soins pour rappeler que tout comportement sexiste ou discriminant est contraire aux valeurs de l'institution".
Au-delà des actions de sensibilisation, la Faculté de médecine de l'UNIGE et les HUG soulignent que ces comportements sont inacceptables et seront sanctionnés.
Sujet radio: Adrien Krause
Adaptation web: Katharina Kubicek