La féminisation de la vie politique met en lumière de nouvelles configurations. Aujourd'hui, il y a de plus en plus d'hommes qui décident de mettre leur carrière entre parenthèses, une fois que leur conjointe accède à de hautes fonctions. Cela est vrai dans le secteur privé, mais aussi dans la vie publique.
Ainsi Jean Rossiaud, en couple avec la Verte Fabienne Fischer qui vient d'être élue au Conseil d'Etat genevois, a décidé, par choix "éthique", de quitter ses fonctions et même de se mettre en retrait de la vie politique.
"C'est un choix délibéré de ma part, je dirais même de notre part puisqu'au moment où Fabienne Fischer a décidé de poser sa candidature on a pris ce choix en toute sérénité ensemble comme on l'a fait sur l'ensemble des décisions qu'on a prises pour notre couple et notre vie professionnelle, très indépendante mais évidemment très imbriquée. C'est une joie et c'est une chance", a-t-il déclaré dans La Matinale de mardi.
Conflits d'intérêt en jeu
La question des conflits d'intérêt potentiels dans un couple entre le mandat de l'un et la fonction de l'autre se pose dans tous les cantons. La loi reste en effet souvent muette sur cette problématique. Andrea Pilotti, chercheur à l'Institut d'études politiques de l'Université de Lausanne, explique dans La Matinale ce vide juridique.
"Il y a comme une volonté claire et assez répandue de laisser ces questions se régler selon des choix individuels", indique-t-il. "Il y a aussi la volonté de laisser la possibilité aux électrices et électeurs de sanctionner ou pas des situations qui peuvent être jugées comme étant inconvenantes."
La majeure partie du temps, le départ du conjoint ou de la conjointe est privilégié en cas d'élection du partenaire. Ainsi, Philipp Müller, compagnon de la socialiste vaudoise Cesla Amarelle, avait quitté son poste de cadre au CHUV en 2017, estimant que "ses responsabilités étaient incompatibles avec celles de sa conjointe en raison de la concentration de pouvoir".
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En 2013, les époux d'Anne Emery-Torracinta à Genève et de Monika Maire-Hefti à Neuchâtel avaient également chacun renoncé à des fonctions étatiques au moment de l'élection de leur femme. Il y a également celles et ceux qui décident de renoncer à se présenter car leur conjoint exerce déjà une importante fonction élective.
Transparence
Mais certains font d'autres choix. C'est le cas du couple Brélaz. Marie-Ange et Daniel ont siégé ensemble à Lausanne, la première au Parlement communal, le second à l'Exécutif. Et cela pendant près de 20 ans, sans que cela ne fasse particulièrement de remous.
Pour Daniel Brélaz, le seul des deux à avoir accepté de s’exprimer, la question du conflit d'intérêts en lien avec le couple n'est pas plus aigüe que dans d'autres cas: "Deux amis très liés dans les affaires, l'un au législatif, l'autre à l'exécutif, c'est probablement source de beaucoup plus de vrais conflits d'intérêt", juge-t-il.
Loi peu claire, pratique discrétionnaire: le tout est d'opérer en toute transparence, estiment nos interlocuteurs. L'égalité gagne du terrain en Suisse depuis plusieurs années. Le politologue Andrea Pilotti s'attend donc à davantage de cas de ce genre à l'avenir.
Raphaël Leroy/lan