Modifié

Pierre Maudet quitte son poste à l'exécutif sur un bilan contrasté

Pierre Maudet. [Keystone - Martial Trezzini]
Bilan contrasté pour Pierre Maudet après 10 ans à l'Exécutif cantonal genevois / La Matinale / 2 min. / le 29 avril 2021
Une page de la politique genevoise se tourne. En prêtant serment devant le Grand Conseil ce jeudi soir, l'élue écologiste Fabienne Fischer pousse officiellement Pierre Maudet vers la sortie. L'ancien élu PLR aura siégé pendant près de dix ans au Conseil d'Etat.

Pierre Maudet a occupé l'espace médiatique, politique et judiciaire comme personne avant lui. Et pourtant, le conseiller d’Etat genevois n'aura effectué qu'une seule législature complète, puisqu'il est arrivé à la faveur d'une élection partielle en 2012 et qu'il a quitté son poste dans les mêmes conditions, après sa démission.

Multitude de projets

En neuf ans, Pierre Maudet aura porté de nombreux projets tambour battant. Cet as de la communication n'a pas son pareil pour vendre ses réalisations. Des réalisations qui n'ont bien souvent pas été abouties. C'est ce que lui reprochent ses détracteurs. L'opération Papyrus, lancée avec trop peu de moyens à disposition, en est la parfaite illustration.

>> Lire à ce sujet : Derrière l'opération genevoise Papyrus, une énorme gabegie

L'homme est pressé et ambitieux. En campagne permanente, il fait passer ses projets au forceps, avec des succès inégaux. La plupart des lois qui portent sa patte ont finalement été amendées. On pense notamment à la loi sur les débits de boisson (LRDBHD), jugée trop bureaucratique, celle sur les taxis et les voitures de transport avec chauffeur (LTVTC), jugée trop complaisante avec Uber, ou la loi sur la police (LPol), qui vient de faire l’objet d’un audit critique. Une vision fermement contestée par l'intéressé, qui estime qu'aucune de ces lois "n'a été fondamentalement revue et les velléités de révision parlementaire en sont restées au stade de commission, hors ajustements mineurs".

Force de travail

On reconnaît à Pierre Maudet une force de travail importante, une belle intelligence stratégique. D'ailleurs, son arrivée au Conseil d'Etat genevois a coïncidé avec la baisse de la criminalité. Le magistrat a aussi tenté de placer Genève sur la carte mondiale de l’innovation et du numérique. Il a en outre réussi à trouver des solutions novatrices à la crise économique liée au Covid-19.

Pour autant, c'est sous son ère que les deux plus grandes manifestations de Suisse se sont retrouvées en difficulté, à savoir les Fêtes de Genève et le Salon de l'auto. Il a peiné à y donner une réponse. C'est sous son mandat aussi que la sociothérapeute Adeline a été assassinée par un détenu dangereux. "La situation la plus dure" à laquelle il a été confronté, dit-il dans son livre.

>> Lire aussi : Affaire Adeline: "Je m'en voudrai toute ma vie de ne pas avoir demandé plus"

Un style rugueux

Le style Maudet, c'est aussi une attitude très rugueuse avec ses troupes. Plusieurs fonctionnaires ont ainsi subi des sanctions de sa part qui ont été in fine retoquées par la justice. Cette attitude intransigeante et démesurément exigeante a abouti à son éviction de son département, en octobre dernier, et à sa démission.

Enfin, son action aura été contrariée par les affaires. En vérité, Pierre Maudet n'a régné que durant six ans, entre l’été 2012 et l’été 2018. Le temps de briguer un poste au Conseil fédéral, en 2017. Les trois dernières années se sont apparentées à une longue agonie, entachée par ses mensonges et ses démêlées judiciaires liées à son voyage offert à Abu Dhabi, en 2015. Il restera comme le seul conseiller d’Etat romand à avoir été condamné en exercice.

>> Lire aussi : Surprise à Genève, où Pierre Maudet se mue en conseiller Covid

Quel avenir?

La suite de sa vie publique est pour l’heure inconnue. Pierre Maudet en dira plus ce jeudi soir dans le 19h30 de la RTS. Le 28 mars, jour de sa défaite aux élections, le magistrat sortant a dit qu'il continuerait à s’engager pour le canton. Ils sont beaucoup, à Genève, à le voir se présenter dans deux ans lors des élections générales, fort de ses 33% recueillis il y a un mois.

Raphaël Leroy/fgn

Publié Modifié