Le vaccinodrome de Palexpo ferme temporairement en raison de doutes sur les livraisons de vaccins
"Nous devions recevoir aujourd'hui au plus tard, au niveau de l'ensemble de la Suisse, plus de 500'000 vaccins de Moderna, dont 30'500 destinés à Genève. Mais nous n'avons pas eu confirmation ce matin de la livraison, et nous avons dû prendre la décision douloureuse de fermer le centre de Palexpo lundi et mardi prochains [ndlr: 3 et 4 mai]", a expliqué Mauro Poggia dans le 12h30, précisant que le canton avait renoncé à envoyer des rendez-vous de vaccination pour ces deux journées, alors qu'il prévoyait de le faire cette semaine.
A Palexpo, aucun rendez-vous déjà agendé n'a toutefois dû être annulé. Ceci "puisque nous prenons la précaution de ne fixer des rendez-vous que par rapport aux certitudes que nous avons", a tenu à préciser Mauro Poggia.
Il y a deux semaines, plusieurs cantons, dont celui de Berne, s'étaient justement agacés d'un retard de livraison inopiné et annoncé au dernier moment par la Confédération. La veille, l'OFSP venait pourtant de presser les cantons d'accélérer le rythme et de ne plus garder en réserve une deuxième dose de vaccin pour les personnes ayant déjà reçu la première.
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L'OFSP dément un retard de livraison
Peu de temps plus tard dans la journée, l'OFSP a informé les cantons que les doses arriveraient vendredi, un jour plus tard que prévu. La Confédération assure qu'il n'y a pas vraiment de retard, tout au plus une "confirmation tardive". La Suisse recevra donc bel et bien vendredi les 500'000 nouvelles doses du vaccin Moderna "comme prévu", a précisé l'OFSP, interrogée par la RTS.
Cette confirmation, Genève l'a également reçue de la part de Moderna, mais le canton ne l'a pas estimée assez solide en raison du fait qu'elle venait du fabricant. Le Département genevois de la Santé explique avoir déjà eu par le passé de mauvaises expériences et reçu moins de doses, malgré une confirmation.
Désormais, le canton joue la prudence et ne va de l'avant que lorsqu'il sait exactement le nombre de doses entreposées par l'armée.
Nouveaux rendez-vous espérés mercredi
En cas de livraison vendredi, Genève pourrait rouvrir Palexpo mercredi et tenter de rattraper le retard. "Nous espérons reprendre les invitations mercredi si la livraison arrive malgré tout en fin de semaine ou en début de semaine prochaine", a déclaré Mauro Poggia, précisant qu'il n'était "pas exclu" que des rendez-vous soient annulés à l'avenir si les retards de livraison perdurent, ce qui serait "catastrophique pour l'ensemble de l'image de la vaccination en Suisse".
Si les retards perdurent, il n'est pas exclu que nous soyons dans l'obligation d'annuler des rendez-vous, ce qui serait catastrophique pour l'image de la vaccination en Suisse
Palexpo n'est ouvert pour les vaccinations que depuis 10 jours. Fruit d'un partenariat public-privé, l'infrastructure permet de vacciner 4000 personnes par jour, pour autant que les doses de vaccin prévues soient livrées à temps.
Vincent Cherpillod/kkub
Pas question de faire passer un jeune adulte avant un quinquagénaire
Alors que Genève ferme temporairement son centre de vaccination géant, d'autres cantons prennent le chemin inverse et ont étendu la vaccination à presque toute la population, à l'instar de Vaud lundi dernier (dès 18 ans) et du Jura et du Valais (dès 16 ans). Pourront-ils tenir leurs promesses?
"Le canton de Vaud prend les décisions qu'il juge bonnes", a répondu le ministre de la Santé genevois Mauro Poggia. Il estime cependant que Genève n'a pas besoin d'ouvrir la vaccination aux moins de 45 ans, car plus de 80'000 personnes sont d'ores et déjà inscrites pour recevoir le vaccin.
Les plus de 50 ans restent majoritaires à l'hôpital
Parmi eux figurent plusieurs jeunes adultes, car ils peuvent déposer leur demande en ligne depuis plusieurs mois déjà dans le canton, même si la vaccination n'est pas encore ouverte pour leur classe d'âge. Pour eux, le vaccin n'est pas pour tout de suite: l'introduction d'un système de type "premier arrivé, premier servi", peu importe l'âge, n'a pas les faveurs du ministre genevois de la Santé.
"Priver un quinquagénaire qui aurait hésité jusqu'à maintenant et qui s'inscrirait aujourd'hui parce qu'un plus jeune aurait pris la décision avant lui est un risque que l'on prendrait pour la cohésion du système et l'efficacité de la lutte contre l'épidémie", juge Mauro Poggia. Il souligne que si les 75 ans et plus sont désormais peu nombreux dans les hôpitaux, vaccin oblige, les plus de 50 ans restent majoritaires dans les nouvelles hospitalisations.
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