Le Musée d’ethnographie de Genève veut changer de nom
Le Musée d’ethnographie de Genève a lancé un appel participatif pour changer de nom. L’institution vise à se détacher de son passé colonial et veut repenser ses pratiques et ses collections. Un processus qui s’apparente à de la "cancel culture" pour ses opposants.
Faut-il ranger le mot "ethnographie" dans les placards de l'Histoire? À Genève en tout cas, le Musée d'ethnographie (MEG) veut se trouver un nouveau nom. Science née au 19 siècle, l'ethnographie revêt une connotation trop forte pour l'institution, celle d'une discipline coloniale qu'il faut désormais repenser.
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Pour son directeur Boris Wastiau, pas question d'effacer l'histoire du musée. "On collabore avec des gens de tous les bords, qui viennent de l'ethnographie, de la philosophie, du domaine des arts ou de l'anthropologie. Aujourd'hui on travaille sur une nouvelle interprétation de l'histoire et de ces collections, davantage en relation avec les porteurs et porteuses de culture à l'origine de ces objets. On ne veut pas effacer l'histoire mais la mettre en exergue."
Cancel culture
Plusieurs anciens conservateurs du musée sont opposés à ce changement, l'apparentant à une forme de "cancel culture". C'est le cas de Jacques Hainard, ancien directeur du Musée d'ethnographie de Neuchâtel et du MEG. "Pourquoi balancer ce nom aux orties, surtout dans une discipline comme celle-là qui consiste à comprendre le fonctionnement des sociétés humaines. Il est plus que jamais nécessaire de rappeler ses origines, de montrer ses grands moments et souligner qu'on est capable de s'auto-analyser. C'est ce que doit faire un musée d'ethnographie aujourd'hui en gardant son nom."
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En décidant de se rebaptiser, le MEG suit le chemin du Musée d'ethnographie de Bâle, qui décidait déjà en 1996 de troquer son nom contre le Musée des cultures.
Le projet trouve un écho positif à Genève. Près de 1350 internautes ont répondu à une consultation lancée par l'institution. Résultat final: deux tiers des sondés sont d'avis favorables pour un changement de nom et près de 1500 propositions ont été reçues. Il faudra attendre néanmoins encore une année pour voir le nouveau titre orner l'institution.
Mathieu Lombard/saje
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