Genève a entrepris l'abaissement du Rhône pour évacuer les sédiments
Une opération d'envergure est menée ces jours à Genève pour évacuer les couches de sédiments qui s'accumulent dans le Rhône. Les rives du fleuve sont asséchées pour pouvoir le nettoyer. Le but est d'éviter des inondations au centre-ville.
C’est un peu le principe d’une piscine sale qu’on vide pour en nettoyer le fond. Ainsi, au barrage de Verbois, les rives sont asséchées en amont alors qu'on assiste à une grande chasse d’eau en aval. Cet abaissement partiel du Rhône, qui a lieu tous les quatre ans, doit permettre d’évacuer plusieurs mètres de sédiments accumulés dans son lit.
"L’objectif est la sécurité de la ville", a expliqué Jérôme Barras, directeur de la production électrique aux Services industriels genevois (SIG), vendredi dans le 19h30 de la RTS. Il s'agit d'éviter les inondations en cas de crue de l’Arve et du Rhône.
Plus de 300 personnes mobilisées
L’opération est transfrontalière et mobilise plus de 300 personnes. Le niveau du Rhône est d’abord abaissé en France, puis aux barrages de Chancy-Pougny et de Verbois. Ensuite on ouvre grand les vannes au Seujet, en ville de Genève. Le débit de l’eau s’accélère et arrache tous les sédiments.
Ce grand nettoyage est nécessaire, mais il est agressif pour la biodiversité du Rhône. Des pêcheurs et biologistes mandatés par les SIG tentent de sauver le plus possible de poissons en les plaçant dans des bassins.
Débit contrôlé en permanence
En amont, une station mesure 24 heures sur 24 le taux de matières en suspension dans l’eau pour éviter que les poissons ne meurent étouffés dans la vase. Les résultats sont répercutés sur les salles de commande, là où l'on peut agir sur les vannes des barrages.
"On ouvre ou on ferme les vannes pour laisser passer plus ou moins d’eau, pour que le taux reste en dessous des limites dommageables pour les poissons", a détaillé le responsable des actifs et de l'environnement aux SIG Fabio Heer.
Insectes et alvins aussi affectés
A chaque vidange du Rhône, les SIG améliorent leurs pratiques. Mais certains pêcheurs estiment que ce n'est pas encore suffisant. Pour Christophe Ebener, président de la commission de la pêche, "les insectes (…) vont disparaître, c’est mathématique. Les niveaux d’eau sont tellement faibles que les insectes qui vivent sur les rives ne sont plus là. La plupart des alvins de l’année et de l’année passée vont probablement disparaître aussi."
L'opération est risquée aussi pour les humains. Jeudi, un couple en canoé a été sauvé in extremis juste avant les vannes du barrage. Baignade, navigation et pêche sont interdites jusqu’à la fin de l’opération, le 30 mai.
>> Jérôme Barras (SIG) détaille l'opération au barrage de Verbois dans le 12h45 :
Flore Amos/oang
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