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Quai 9, le local de consommation de drogues de Genève, ouvrait il y a 20 ans

Le Quai 9, le local genevois d'injection pour toxicomanes, marque ses 20 ans d'existence
Le Quai 9, le local genevois d'injection pour toxicomanes, marque ses 20 ans d'existence / 19h30 / 2 min. / le 29 mai 2021
Pionnière en Suisse romande, la structure genevoise, née pour réduire les risques liés à la consommation d'héroïne et de cocaïne, souffle ses 20 bougies. Si aujourd'hui son utilité n'est plus remise en cause, Quai 9 a pourtant dû convaincre à ses débuts.

Quelques places réservées aux injections offrant notamment aux toxicomanes du matériel stérile. Une pièce séparée et ventilée pour ceux qui fument leur dose. Voilà à quoi ressemble le cœur de Quai 9, le local d'injection et de consommation de drogues de Genève qui a ouvert ses portes il y a tout juste 20 ans.

Structure pionnière en Suisse romande

Financée par l'Etat, la structure, pionnière du genre en Suisse romande, prenait ses quartiers derrière la gare Cornavin en 2001, sur fond d'une Suisse traumatisée par les scènes ouvertes de la drogue, les overdoses et la transmission du sida.

Si ce local n'a pas manqué de faire polémique à ses débuts, son existence n'est aujourd'hui plus remise en cause. Repeinte et agrandie, la structure fait désormais intégralement partie du paysage genevois, et plus particulièrement de celui du quartier des Grottes au sein duquel elle a vu le jour, comme l'explique dans Forum Anne François, coprésidente de l'association Première ligne qui s'occupe de Quai 9.

"On a beaucoup discuté avec les habitants du quartier avant que le local ouvre. Mais il faut savoir aussi que s'il est là où il est, c'est que le trafic de drogues, et surtout de cocaïne à l'époque, était déjà là avant. Les gens du quartier vivaient déjà dans un endroit confronté à cette problématique", souligne-t-elle, assurant qu'aujourd'hui tout le monde s'y est fait. "La plupart des habitants des Grottes ne voudraient pas que le Quai 9 disparaisse, notamment à cause des travaux d'agrandissement de la gare."

>> Ecouter l'interview complète d'Anne François dans Forum :

Le premier local d'injection de Suisse, à Genève. [Groupesida.ch]Groupesida.ch
Le premier local d'injection de Suisse fête ses 20 ans à Genève: interview d'Anne François / Forum / 7 min. / le 29 mai 2021

Pour Christophe Mani, directeur de Quai 9 pendant ses dix premières années, l'utilité du lieu a pu être rapidement démontrée. "On a vite constaté moins d'hépatites, moins d'overdoses et quasiment plus de VIH/sida", se félicite-t-il. "Et ceci, sans observer davantage de consommation ou de soucis avec le voisinage".

Un cadre pour resociabiliser les toxicomanes

Le Quai 9 offre aussi un cadre, des activités et des conseils pour resociabiliser les toxicomanes. Ces deux pans, sanitaire et social, sont d'ailleurs très appréciés des usagers, comme l'explique Patricia (prénom d'emprunt), qui fréquente les lieux depuis sa création.

"Il y a beaucoup de toxicomanes qui sont en rupture, qui sont seuls. Quand on vient ici, on ne se sent pas jugé, et c'est motivant car le personnel sur place est là pour nous conseiller, pour qu'on s'en sorte."

Consommateur depuis une dizaine d'années, Adrien (prénom d'emprunt) a lui aussi vu son quotidien changer. "Quai 9 m'a sauvé, car grâce à ça, j'ai pu retrouver une stabilité dans ma vie. On m'a aidé à trouver un boulot."

Prochain enjeu pour le Quai 9: renforcer encore plus son pôle social, pour accompagner au mieux les usagers vers un retour à une vie plus stable et une reprise d'activité.

Sujet TV: Alexandre Gross et Mathieu Lombard

Adaptation web: Fabien Grenon

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