Ces mesures ont été décidées début août par le Conseil d'Etat genevois. Dès ce lundi 23 août, le personnel soignant en contact étroit avec des personnes prises en charge a deux options pour continuer à travailler: soit présenter un certificat Covid valide, soit se soumettre à un test, au minimum tous les sept jours, comme cela se fait déjà à Zurich.
Sont concernés tous les établissements médicaux publics et privés de soins stationnaires, mais aussi les EMS ou foyers pour personnes âgées, les établissements pour personnes handicapées et les organisations de soins et d'aide à domicile.
Une sanction pénale possible
Toutes ces institutions doivent identifier le personnel concerné par les tests de dépistage. Elles doivent aussi mettre en place une procédure de testing sur site ou par mandat externe.
L'Etat ne plaisante pas: toute personne soignante s'opposant à ces mesures s'exposerait à une contravention, en plus d'une sanction interne (lire encadré).
"Petit sacrifice pour un grand plus"
Interrogé au 19h30, Mauro Poggia, Conseiller d'Etat en charge de la santé, estime que cette mesure est proportionnée, qualifiant le prélèvement salivaire des soignants d'un "petit sacrifice pour un grand plus".
L'homme politique, qui avait créé la polémique en proposant de rendre les soins hospitaliers payants pour les non-vaccinés, a également défendu la nécessité d'ouvrir un débat, surtout "lorsqu'on constate qu'on a neuf patient à l'hôpital sur dix qui ne sont pas vaccinés". De son point de vue, "il faut que les gens comprennent qu'on ne peut pas simplement dire 'je fais un choix, et je le fais assumer par d'autres'".
Environ 3000 soignants concernés aux HUG
Pour le directeur général des HUG, Bertrand Levrat, il s'agit également d'une "mesure proportionnée", qui permet de "respecter les soignants qui ne souhaitent pas être vaccinés, tout en minimisant les risques pour les patients".
Interrogé dans Forum, le directeur se félicite de constater que "70% du personnel de l'hôpital est vacciné", précisant que cette nouvelle mesure concerne donc environ 3000 soignants. Bertrand Levrat rappelle par ailleurs que ce genre de précaution sanitaire n'est pas inédit : "dans le monde hospitalier, on exige déjà la vaccination contre l'hépatite B ou contre la rougeole pour ceux qui travaillent en pédiatrie".
Raphaël Leroy/sjaq
Une "double peine"?
La section genevoise de l'Association suisse des infirmières et infirmiers considère qu'une contravention et une sanction interne, c'est une double peine. Toutefois, elle ne s'oppose pas à l'obligation de test.
Delphine Bachmann, députée PDC et infirmière de formation, estime au micro de La Matinale qu'un test hebdomadaire n'est pas très contraignant pour le personnel soignant: "Oui, on leur a beaucoup demandé et c'est pour cela que je suis toujours opposée à la vaccination obligatoire: je souhaite qu'on respecte leur liberté décisionnelle, au même titre que n'importe quelle personne dans la population. En revanche, je n'ai pas l'impression que l'effort ici demandé de se faire tester une fois par semaine – la plupart du temps sur son lieu de travail – est une mesure qui soit trop contraignante à exiger".
En outre, elle note ne pas avoir eu autour d'elle "de réactions particulièrement véhémentes à l'égard de cette mesure".